Assia El Ouadie a été de tous les combats. Décédée le 3 novembre des suites d’une longue maladie, ses obsèques ont été très émouvantes, dignes de la grande dame qu’elle fut.
Quand on est né au sein de la famille El Ouadie, on ne peut que suivre la voie du militantisme, comme papa et maman. A l’âge de 4 ans, début des années 1950, elle rendait déjà visite à ses parents, les poètes Touria Sekkat et Mohamed El Assafi embastillés dans les geôles du protectorat. Après sa licence en droit, la jeune Assia intègre la magistrature à Casablanca pendant près d’une décennie, où elle verra ses deux frères, Salah et Aziz, condamnés à 22 ans de prison. De retour d’un stage en France, elle claque la porte de la magistrature et s’inscrit au barreau. Elle finira de nouveau dans le rôle de magistrat, mais cette fois-ci à la direction des prisons, où elle a œuvré pour la cause des détenus mineurs et leur réinsertion. Mama Assia, comme l’appellent les militants de gauche, avait le don et l’énergie nécessaires pour suivre ses protégés, cas par cas. Et nombre d’entre eux ont trouvé leur voie et réussi dans la vie comme en témoignent d’anciens détenus aux centres de Salé, Casablanca et Settat qu’elle supervisait. En un mot, elle a contribué à rendre l’espace carcéral moins monstrueux. Membre fondatrice de l’OMP (Observatoire marocain des prisons) et de l’OMDH (Organisation marocaine des droits de l’homme), c’est tout naturellement qu’elle rejoint, en 2002, la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus dirigée par Zoulikha Nasri. Avant son décès, Assia El Ouadie a tenu à tirer une dernière salve en participant à la préparation de l’enquête du CNDH sur les prisons. La maladie ne lui a pas laissé le temps d’en apprécier les conclusions. Son corps gît désormais au cimetière Achouhada de Casablanca.
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