Frasques parlementaires
A l’heure où ces lignes sont écrites, Abdelilah Benkirane est censé passer un nouvel oral devant nos honorables représentants de la nation avec comme thématique du jour “les accidents de la circulation”. C’est certain, ça va saigner. Car si ce n’est pas le Chef du gouvernement qui partira en roue libre dans ses délires de fhamtni oula la, ça va être à coup sûr nos parlementaires qui feront des sorties de route. Déjà que cette semaine, seuls comme des grands, ils sont partis en vrille. Le conseiller Abdellatif Ouahbi, patron du groupe du PAM, a par exemple réalisé l’exploit de démolir une ville nouvelle sur la tête de toute une ethnie. “Tamesna est une ville tout juste convenable pour qu’un chelh (berbère) y vende des pépites”… C’est digne du niveau de xénophobie du “péril noir”, titre mal inspiré d’un de nos confrères de la presse hebdo. Dans la Chambre des députés, on fait encore mieux. Quand on essaie d’appliquer le règlement intérieur et rendre publics les noms des députés absentéistes, on s’emmêle les pinceaux : des élus qui ont même posé des questions orales ont été enregistrés comme non présents, et des stars de la politique (notamment des chefs de parti) ont été épargnés par la feuille de présence. Sérieusement, s’ils ne sont même pas foutus de faire correctement l’appel ni de mesurer leurs propos, comment faire confiance à nos parlementaires pour exercer le pouvoir législatif…
Passement de jambes
Le Monsieur programmation de la Fédération royale marocaine de football mérite le ballon d’or de la nullité, une consécration à inventer spécialement pour lui. Il a décidé de planifier les deux demi-finales de la Coupe du trône le même jour à la même heure… Un peu comme s’il s’agissait des derniers matchs de poule du Mondial. Mais ce n’est pas de la faute de la Fédé, nous raconte-t-on dans la version officielle. C’est une panne d’éclairage au complexe Moulay Abdallah qui en est la raison. Waou, la feinte ! Même un bébé qui apprend à peine à taper dans la baballe ne se laisserait pas déborder ainsi… Za3ma on ne pouvait pas reporter ou avancer un des deux matchs d’un jour ou deux. Personne n’en aurait voulu d’ailleurs à la Fédération : la Coupe du trône n’est pas “sacrément” connue pour sa régularité. On se rappelle toujours de ces 3 mars où on jouait deux finales, coup sur coup, pour rattraper les éditions en retard de cette Coupe… Avis aux membres fédéraux : la prochaine fois qu’on veuille priver, juste par bêtise, la télévision nationale d’une poignée de millions de dirhams de recettes publicitaires (les annonceurs sont plus friands devant un FAR – ASS que devant une télénovela moudablaja), merci de faire au moins l’effort de nous raconter une histoire qui tienne la route. Une histoire du genre “Rachid Taoussi, surbooké en tant que double coach des FAR et des Lions, n’avait que ce jour-là de libre. Et surtout, il fallait faire en sorte de le libérer assez tôt pour qu’il ne rate pas le début du discours royal commémorant la Marche Verte”. Ben oui, il a besoin d’être inspiré pour le match de l’équipe nationale de la semaine prochaine.
Le gendre du Cheikh
Question : qui peut être encore plus chtarbé que notre Cheikh Yassine national qui traverse les murs et fait des rêves de qawma ? Réponse : un parent de Cheikh Yassine. Plus précisément, son gendre, Abdellah Chibani de son nom. Le monsieur de Nadia Yassine, la fille de son père, vient d’envoyer une missive à son “frère” Abdelilah Benkirane. Il l’appelle comme ça par affection, pour ne pas le nommer “Chef du gouvernement du Makhzen”. Dans sa lettre, Chibani balance pas mal sur le passé de son ancien camarade de la Chabiba Islamiya, qu’il invite à démissionner pour ne pas se faire bouffer par ce monstre dit Makhzen. Encore mieux, il recommande à Benkirane de prendre des mesures loufoques. Du genre transformer les palais et résidences royales en écoles supérieures ou en cités universitaires. Parfois, Chibani nous fait même un peu peur quand il parle de son “Etat de Coran”. Mais on ne va pas paniquer non plus ni le prendre au sérieux. On va plutôt mettre ça sur le compte d’une précampagne pour la succession d’un Yassine qui n’a plus l’âge de prendre sa plus belle plume pour nous pondre un Al islam ou le déluge ou encore A qui de droit. Peut-être donc que Chibani ne voulait finalement que passer des messages aux disciples de son beau-père. Et profiter au passage de mettre la barre haute pour d’éventuelles négociations menant à l’intégration de la Jamaâ dans le jeu politique officiel.
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