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Com’ royale

Le Maroc change, le mode de gouvernance aussi, alors l’approche com’ de la monarchie suit. Le journal télévisé d’Al Aoula du 17 octobre est à ce titre un cas d’école. Alors que la direction de l’info de la SNRT nous a toujours habitués à enchaîner toutes les activités royales dès le lancement du JT, ce jour-là, les images exclusives de la tournée de Mohammed VI dans les pays du Golfe ont été séquencées en deux parties : un premier bloc consacré aux réunions de travail du roi en Arabie Saoudite, et un deuxième réservé à l’accomplissement de la Omra par le Commandeur des croyants. En guise de virgule, sont casés les sujets “classiques” du JT -format 1’30- couvrant des manifestations officielles traitant d’amazighité, de lutte contre le terrorisme, de santé mentale… Reléguer une partie des activités royales, quasiment en fin de journal, ce n’est pas anodin. C’est un choix éditorial qui donne lieu à diverses interprétations. La plus plausible, vu l’esprit d’initiative de la SNRT, serait que ce conducteur révolutionnaire aurait été suggéré pour passer des messages codés. Messages du style : Amir Al Mouminine accomplit ses rites religieux, comme tout le monde bien sûr, mais en cette conjoncture on est plus soucieux des affaires économiques et sociales… S’il est difficile de déchiffrer l’hiéroglyphe makhzénien, il apparaît clairement que la com’ royale est en train d’être reliftée. Il y a des indices qui ne trompent pas : ces gros plans (gardés au montage) des conseillers de Mohammed VI, sortis de l’ombre pour voler la vedette aux membres du gouvernement accompagnant le roi dans son périple ; ou encore cet invité surprise sur le plateau d’Al Aoula : un certain Taïeb Fassi Fihri, conseiller royal (aux affaires diplomatiques) qui n’avait jamais foulé les studios de la SNRT, du temps où il était membre du gouvernement.

 

Offres d’emploi

Le Qatar vise à attirer 15 000 travailleurs marocains sur son sol. Voici une annonce qui aura pour effet de surbooker les vols Qatar Airways, un bon bout de temps. Car il faut être fou pour refuser une offre qui vient du pays magique de Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani. Et si vous hésitez encore, voici quatre bonnes raisons pour plier bagage :

• Le salaire multiplié au moins par cinq, c’est évidemment acquis. En plus, vous avez le choix d’être payé en dollars, en barils de pétrole ou en riyal, de quoi monter votre propre salle de marchés. Quant aux taxes, il n’y a pas à s’en faire : l’Etat n’a cure de vos impôts. Son seul souci, c’est de vous convaincre à aider Cheikha Mozah à dépenser ses milliards.

• Toutes les chaînes sportives d’Al Jazeera sont gratos. Si vous allez au terrain, on vous paie pour remplir les gradins et applaudir Raul. Et si vous êtes à Paris ou à Barcelone, vous avez droit d’accès aux tribunes d’honneur du Camp Nou ou du Parc des princes.

• Quand QTel va se payer Maroc Telecom, tous les appels à destination du Maroc seront gratuits. L’Internet illimité, c’est cadeau aussi. Et pas de tracas de connexion : au pire, si vous appelez la hotline de votre nouvel opérateur, c’est Abdeslam Ahizoun himself qui fait le dépanneur.

• Pour un plein d’essence payé, deux sont offerts. Même avec une telle offre, vous ne risquez pas de vous arrêter chez un pompiste. Il suffit de creuser deux mètres dans la dune en face de chez vous pour tomber sur du sans plomb. Et la construction d’un pipeline jusqu’à votre garage est subventionnée par le ministère du Pétrole.

 

Fiche de paie

La taxe sur les hauts revenus. Voici la dernière trouvaille du gouvernement islamiste pour boucler son budget 2013. Les salaires de plus de 25 000 dirhams par mois vont être soumis à une nouvelle taxe de 3%. Ce taux monte à 5% pour les revenus au-dessus de 50 000 dirhams. Et merci aux contribuables de passer à la caisse le sourire aux lèvres, car c’est une taxe pour la solidarité, nous explique-t-on. Mais après tout, votre sourire on ne risque pas de le remarquer : la dîme sera retenue à la source. Car ce gouvernement, comme les précédents, pour s’assurer un matelas fiscal confortable, se contente d’aller vers la solution de facilité. Il tape dans la fiche de paie des salariés plutôt que de s’attaquer aux véritables niches fiscales. Elargir la communauté des contribuables en s’intéressant à l’informel, c’est trop dur… Se pencher sur les différentes dérogations fiscales qui coûtent des dizaines de milliards, c’est trop risqué politiquement… Instaurer un véritable impôt sur la fortune réfléchi et bien ciblé, c’est trop compliqué… Alors quoi de mieux que de saigner les salariés, des contribuables qui donnent le plus et qui ne reçoivent pas grand-chose en échange.

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