Grand coach malade
“J’ai trouvé mon inspiration quand j’ai regardé le discours de Sa Majesté devant le parlement, la veille du match”. Voilà en substance la déclaration de Rachid Taoussi, le nouveau sélectionneur, à la fin de ce mémorable Maroc – Mozambique (4-0). Ainsi, après le “football total” de l’Ajax de Rinus Michels, du “tiki-taka” du Barça de Pep Guardiola, S’di Rachid vient de nous inventer une nouvelle tactique révolutionnaire, le “foot bla-bla”. C’est simple : il suffit que Mohammed VI dise deux mots pour mettre un 3-0 à la Seleçao en finale du prochain Mondial… Les Lions deviendraient invincibles au point que Gary Lineker réviserait en live sur Al Jazeera sa maxime légendaire : “Le foot est un sport qui se joue à 11 contre 11 et au final, c’est le Maroc qui gagne quand le roi fait un discours”. Il ne reste donc plus qu’à convaincre la Fifa de caler son calendrier international sur nos fêtes nationales où le Chef de l’Etat a pour habitude de prononcer un discours. Une simple formalité sachant que Ali Fassi Fihri, le président de la fédé, dispose toujours de postes vacants dans la filiale de l’ONEP au Cameroun, il trouvera forcément un de ces fauteuils qui iraient mieux à Joseph Blatter qu’à un simple arbitre… Toutefois, l’inconvénient de la tactique Taoussi serait que le foot n’aura plus aucun goût : fini la peur au ventre d’avant-match, l’explosion de joie à chaque but, le suspense du temps additionnel… Tout deviendra trop facile et le foot marocain tournera aussi rond que de fastidieuses cérémonies protocolaires. Heureusement donc que le cabinet royal ne prend pas S’di Rachid au sérieux. Les conseillers de Mohammed VI ont bien compris qu’il est atteint de la “makhzénite aiguë”, cette maladie typique de chez nous observée chez certains hauts responsables. Ils ont décelé chez Taoussi les premiers symptômes quand ils ont vu cette scène où il baise la main à Fassi Fihri…
Alioua, Ibrahimi et les autres…
Khalid Alioua et Tawfiq Ibrahimi ne sont pas les premiers hauts commis de l’Etat à passer de la Merco à l’estafette, de la villa avec piscine à la cellule avec barreaux, du costume-chemise sur mesure au jean-baskets de taulard. Il y en a bien eu, avant eux, de gros poissons tombés dans les filets de la justice pour des affaires de dilapidation de deniers publics ou de corruption. Remember Laâfoura, Slimani, Haddaoui, Zahidi… Mais Alioua et Ibrahimi ont la particularité d’être des hommes de la nouvelle ère. Ils ont servi sous Mohammed VI et non sous Hassan II. Cela donne à ces affaires -très médiatisées- les relents d’une campagne d’assainissement new look. Campagne à faire paniquer le plus intègre des hauts fonctionnaires, à donner à réfléchir jusqu’à devenir immobile au plus entreprenant des patrons d’office public. Alioua et Ibrahimi ont de surcroît été arrêtés après l’adoption d’une nouvelle constitution qu’on nous vend comme garantissant plus de justice. Sauf que la justice commence d’abord par le sacré principe de la “présomption d’innocence”. Pourquoi alors les avocats des deux prévenus peinent-ils à obtenir la liberté provisoire pour les deux prévenus, alors que l’instruction et le procès s’éternisent ? La place de Alioua et Ibrahimi n’est pas en prison tant qu’ils n’ont pas été jugés comme criminels en col blanc… Quoi ? Ils risqueraient de fuir le pays ? Mais encore ? C’est juste une manière de s’épargner un séjour carcéral en attendant une grâce royale…
“Gamila on the Scuela”
L’image de la moua3lima qui épluche ses patates en pleine salle de cours n’est pas une simple caricature du niveau de conscience professionnelle de certains enseignants. C’est, malheureusement, une réalité. La preuve : cet incident survenu dans une école du quartier Hay Hassani à Casablanca et qui aurait pu tourner au drame. Une institutrice faisait cuire du msemen dans sa classe quand ça a fait boom : la bonbonne de gaz a explosé déclenchant un incendie. Fort heureusement, les élèves étaient en récréation, il y a eu donc plus de peur que de mal. Sous d’autres cieux, on aurait immédiatement lancé des mesures disciplinaires contre la responsable de l’incident, voire la poursuivre pour mise en danger de la vie d’autrui. Chez nous, au pays du thé à la menthe et de la3jina, la direction de l’école n’a pas jugé utile de répondre aux questions des journalistes, et le ministère de l’Enseignement n’a toujours pas réagi, une semaine après les faits. A croire que l’on trouve normal qu’une bonbonne de gaz remplace l’extincteur dans une classe, que le bureau du prof soit transformé en plan de travail, qu’une mou3alima envoie un élève chercher un pincée de sel et un verre d’huile de chez sa collègue d’en face. A toutes ces “ispices di conasses”, adeptes de l’apprentissage par le tagine, et qui pensent que les salles de cours sont le prolongement naturel de leur cuisine, on peut leur crier : “Hey teacher, leave the kids alone”.
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