A moins d’un mois des élections présidentielles, Barack Obama est au coude à coude avec son rival républicain, Mitt Romney, dans les intentions de vote. Le point sur une bataille qui s’avère rude.
La surprise était au rendez-vous de ce premier débat télévisé du 3 octobre entre les deux prétendants à la Maison Blanche. Le président sortant est apparu étonnamment peu combatif, stature présidentielle et air détaché, face à un adversaire physiquement armé et pugnace. La presse et l’opinion américaines ont unanimement déclaré Romney vainqueur de cette première joute oratoire, alors que la campagne de ce dernier était en berne depuis plusieurs semaines. Les hypothèses fusent sur les raisons de la contre-performance d’Obama. Certains évoquent l’“altitude” de la ville de Denver, alors qu’il s’était entraîné mille mètres plus bas, d’autres de possibles graves nouvelles qu’aurait reçues le candidat sortant avant le débat, une volonté délibérée de ne pas offrir un spectacle de pugilat, ou simplement l’anniversaire de son mariage avec Michelle Obama qui avait lieu ce jour-là…
Obama, he (still) can ?
Quelle que soit la raison de cette contre-performance, c’est tout requinqué qu’Obama s’est présenté devant un parterre de militants à Denver, au lendemain du débat. Retrouvant sa verve habituelle et son humour -qui lui ont cruellement fait défaut la veille-, il a accusé Romney d’avoir menti en vendant une version édulcorée de sa politique : “Quand je suis monté sur scène, j’ai rencontré ce type très vif qui prétendait être Mitt Romney, a-t-il déclaré, mais cela ne pouvait pas être lui”. En clair, Romney se serait présenté sous un autre jour, alors qu’il demeure ce milliardaire décomplexé et candidat des riches. C’est encore un Obama convaincu qui est apparu à Los Angeles lors d’un concert de soutien. Après avoir ironisé sur sa défaite, il a déclaré : “La bonne nouvelle, c’est que nous avons une meilleure vision pour notre pays”, devant une foule hilare, visiblement prête à pardonner au candidat son écart.
De son côté, Romney est ressorti dopé par sa victoire. Après l’économie, qui était le principal thème du débat, il s’attèle désormais aux questions de politique étrangère. Décrié car novice en la matière, et auteur de plusieurs “gaffes” dont la dénonciation malvenue de l’administration Obama au moment des attaques contre l’ambassade américaine en Libye, le gouverneur du Massachussetts a profité de sa remontée dans les sondages pour clarifier ses positions sur la question. Dans un discours adressé à l’Académie militaire de Lexington en Virginie, il a confirmé sa vision d’une Amérique forte, confiante dans ses objectifs et sûre de sa puissance. Tout en assenant une série de coups à son rival démocrate : coupe des dépenses de défense, inaction face au conflit syrien et au nucléaire iranien, prise de distance vis-à-vis d’Israël et incapacité à mener à bien le processus de paix israélo-palestinien.
Romney à l’assaut
Pour Romney, la politique de la “main tendue” d’Obama n’a pas porté ses fruits et l’Amérique est toujours menacée par la prolifération du terrorisme au Moyen-Orient, comme l’ont prouvé les récentes attaques d’ambassades. Pour beaucoup d’analystes cependant, cette première déclaration officielle du candidat Romney sur la question n’annonce rien de nouveau et demeure, dans le fond, étonnamment proche des positions de son rival.
Le prochain débat entre les deux candidats, prévu le 16 octobre, sera déterminant. Il prendra la forme d’une séance de questions-réponses avec des citoyens indécis, sélectionnés à l’avance par un institut de sondage. Pour la première fois, les candidats s’affronteront sur les questions de politique étrangère. Un thème jusque-là absent de la campagne mais qui risque d’être crucial dans les semaines à venir, suite au repositionnement de Romney. D’ici là, des “réajustements” stratégiques s’imposent dans le camp démocrate, comme l’a reconnu David Axelrod, l’un des principaux conseillers d’Obama. La bataille continue…
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