Polémique. La traversée des versets

Une œuvre signée Mounir Fatmi, représentant des versets et des hadiths, a dû être retirée d’un festival en France, car jugée blasphématoire par certaines personnes.

Des versets coraniques et des hadiths mêlés dans un savant ensemble circulaire, empruntant tant à la tradition calligraphique arabe qu’aux “rotoreliefs”, concepts de l’artiste français Marcel Duchamp, projetés sur le sol depuis un projecteur lumineux. Voilà l’œuvre qui a déclenché une petite polémique en France, intitulée Technologia et signée Mounir Fatmi, talentueux artiste marocain. Exposée lors du festival “Le Printemps de septembre” à Toulouse début octobre, l’œuvre a suscité des manifestations de quelques dizaines de personnes jugeant l’œuvre blasphématoire et a donc été retirée le 3 octobre par une direction prudente. Datée de 2010, Technologia avait déjà été projetée sur des murs, notamment au Qatar sans que cela ne suscite de réactions hostiles. Mais alors, pourquoi un tel accueil dans la ville rose ? L’œuvre a cette fois été projetée… sur le sol. Certaines personnes ont donc considéré qu’elles “marchaient” sur des textes coraniques. Habitué de l’utilisation de textes religieux dans son travail artistique, Mounir Fatmi nous assure qu’il “a été étonné par l’affaire et ne pensait pas à mal.” Il nous livre une ligne de défense inattendue, un brin philosophique et assez poétique : “La projection venait du haut. Donc en entrant dans le faisceau lumineux, on ne marchait pas sur les textes qui étaient en fait projetés sur les habits, sur le corps des passants et des visiteurs. Les gens traversaient littéralement les textes.” Joli, et plutôt convaincant

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