Alors qu’elle a été violée par des policiers, une Tunisienne est poursuivie pour “outrage à la pudeur”. Éclairage.
Victime, elle risque jusqu’à six mois de prison. Une femme âgée de 26 ans ainsi que son compagnon ont été auditionnés par un juge d’instruction le 2 octobre pour “outrage public à la pudeur”. Pourtant, c’est le couple qui est à l’origine d’une plainte déposée contre trois policiers pour viol et extorsion. Le Parquet a ouvert une instruction contre les agents, actuellement en détention préventive, mais aussi, sur la base des témoignages de ces coupables présumés, contre le couple. Les faits se sont produits dans la nuit du 3 au 4 septembre. La jeune femme et son ami étaient dans leur voiture lorsqu’ils sont arrêtés par trois policiers. Pendant qu’un premier agent emmène son compagnon près d’un distributeur de billets pour lui extorquer de l’argent, les deux autres violent la jeune femme. Malgré des preuves difficilement contestables (traces de sperme, présence d’un témoin oculaire et d’une caméra), les agents continuent de nier. Pire, ils ont été jusqu’à déclarer que le couple portait atteinte aux bonnes mœurs. Le jour de l’audience, 5000 personnes indignées sont venues devant le tribunal pour crier leur colère et soutenir la jeune femme. Les tensions ont été ravivées par la suite, notamment après les déclarations des ministères de l’Intérieur et de la Justice qui ont insisté sur le fait que les deux jeunes gens avaient été retrouvés dans une “position immorale”. L’avocate de la victime, Emna Zahrouni, et Amnesty International dénoncent des tentatives d’intimidation de la part de la justice.
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