Moroccan Beat Generation

Portraits. Ils sont créatifs, innovants et pleins de talent. Zoom sur des artistes qui donnent un nouveau souffle à l’art contemporain marocain.

 

Younes Baba Ali. Un certain regard

Né à Oujda en 1986, il vit actuellement entre Casablanca et Bruxelles. Diplômé de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et de l’Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence, le jeune artiste a participé à différentes expositions internationales, notamment à la Biennale des jeunes créateurs de l’Europe et de la Méditerranée. Son travail, composé d’installations —où le multimédia et les nouvelles technologies tiennent une place importante— est une réflexion sur la question de la nature et du statut de l’objet, ainsi que sur les rapports entretenus entre l’art, son public et l’institution muséale. Des thématiques qui lui tiennent à cœur et qui rythment toute son œuvre. “Ma démarche pose également la question des codes de monstration de l’œuvre. Quels sont-ils ? Peut-on les contourner et, surtout, par quels moyens ?”, se demande constamment Younes Baba Ali. Des réponses qu’il essaie de trouver dans toutes ses installations, qui interpellent également le public par leur originalité et l’atmosphère particulière qu’elles dégagent.

 

Chourouk Hriech. Dessine-moi une histoire

Cette Franco-marocaine est une artiste véritablement polyvalente. Née en France et aujourd’hui installée à Marseille, elle pratique toutes les formes de dessin, du papier au mural, et réalise également des installations, des vidéos et des photographies. La jeune femme sort diplômée de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon à l’âge de 25 ans, et expose pour la première fois, la même année, au Centre régional d’art contemporain du Languedoc Roussillon. Depuis, l’artiste a plus d’une quinzaine d’expositions à son actif, en France, au Maroc, mais également en Espagne ou encore en Italie. Sa principale source d’inspiration ? L’environnement qui l’entoure, les paysages en mutation et l’élaboration urbaine. Celle qui se présente parfois comme “une conteuse de fables contemporaines” qui “retranscrit les modulations de la vie”, n’hésite pas à voyager pour enrichir son œuvre de nouvelles expériences. Des aventures qui donnent à son travail une touche à la fois intimiste et ouvert sur le monde.

 

Wafae Ahalouch El Keriasti. Famille, je vous aime

Née de parents marocains installés aux Pays-Bas, elle a toujours été très attachée à ses racines. Ses dessins, ses peintures et ses installations en sont la preuve irréfutable. Sa première exposition personnelle à Bruxelles en 2009 s’intitulait “Family Affairs” (Affaires Familiales), et revenait sur les relations complexes entre les parents et les enfants, le rapport à la religion ou encore l’éveil de la sexualité. Des thèmes directement inspirés par sa propre vie. “Mon œuvre parle des hommes et de la manière dont ils se côtoient. La politique et la religion sont donc des données importantes dans mon travail”, explique l’artiste lorsqu’elle est questionnée sur l’essence de son œuvre. Wafae Ahalouch El Keriasti expose à Amsterdam, la ville où elle est installée, mais également à Berlin, Istanbul ou encore New York. Les amateurs marocains d’arts plastiques ont pu découvrir ses œuvres ces dernières années lors de différentes expositions collectives au Musée de Marrakech, ou encore à la Villa des Arts de Rabat et de Casablanca.

 

Mustapha Akrim. Penser autrement

Lauréat de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan en 2008, il est considéré comme une des valeurs montantes de l’art contemporain “Made in Morocco”. Son diplôme en poche, ce natif de Salé a fait un premier passage remarqué à l’Appartement 22 à Rabat, lors d’une résidence artistique de deux mois. Depuis, l’artiste a enchaîné les résidences à l’étranger, ainsi que les expositions, collectives et individuelles. Au cœur de son œuvre, la notion de travail et les changements constants de la société, qu’il souhaite penser autrement. Comme il l’explique lui-même, son travail “met en place des chantiers de réflexion et de production qui réinventent le rôle de l’artiste comme citoyen”. Sa dernière exposition individuelle, qui s’est déroulée en août à la Galerie FJ de Casablanca, est d’ailleurs une réflexion sur le statut de chômeur. Parmi les œuvres exposées, une installation utilisant un article de la Constitution sur le droit au travail. Les œuvres de Mustapha Akrim sont audacieuses, intelligentes et incisives. Que du zouine en perspective…

 

Mohamed Arejdal. L’homme, l’espace et les autres

Le travail de ce natif de Guelmim prend diverses formes, pouvant aller de la performance live à l’installation, en passant par la vidéo ou encore la photographie. Diplômé de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan, en 2009, Mohamed Arejdal est fasciné par les êtres humains et les relations qu’ils entretiennent entre eux, et avec l’espace qui les entoure. Son propre corps est également au cœur de plusieurs de ses œuvres, qu’il utilise comme un outil pour révéler le rapport de l’homme avec autrui. “Mes travaux récents évoquent des histoires de rencontres, qui naissent de subtils déplacements, et tendent à souligner ce qui sépare et rassemble les individus”, affirme l’artiste. Il explore également la notion d’espace public et de territoire, liés intrinsèquement à notre rapport à l’autre. L’une des œuvres phares de cet artiste âgé de 28 ans est une valise, ayant la forme d’une carte de la Palestine en 1948, qui a été présentée à Rabat durant l’exposition collective “Between Walls” en juillet dernier.

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