Saloon Halal
Expo Halal International. Voici la dernière trouvaille de nos pros de l’événementiel. C’est un salon tenu à Meknès pour mettre à l’honneur les produits estampillés halal. Pourquoi pas… Avec 1,3 milliard de musulmans sur la planète Terre (même si, dans le lot, il y en a bien pour qui halal/haram sonne comme hallouf/karmous ou kif/kif), la niche est porteuse. En plus, toute initiative qui ferait pencher notre balance commerciale du bon côté est la bienvenue. Sauf que le diable (avec sa besace pleine de haram) est dans le détail. Primo, l’événement a été abrité dans une annexe du ministère des Affaires islamiques. Les organisateurs avaient-ils vraiment besoin de la tutelle de la wizara ? Si c’est le cas, autant jouer à fond le label halal : on peut former des mouftis qui déposeraient leur sceau sur les produits halal, un peu comme ces rabbins qui donnent leur bénédiction pécuniaire aux produits cacher. Secundo, il y avait de ces articles qui n’avaient pas leur place dans cette exposition. C’est quoi en fait ce champagne halal ? Un Oulmès aromatisé ? Un Champomy pour les moins de 18 ans ? Et ce shampooing halal donc ? Y a-t-il un texte dans le Coran ou le Hadith qui interdit de se laver les cheveux avec de la gélatine de porc ou de se gratter le dos à l’aide d’un pied de cochon ? Enfin, si on organise un salon halal, il faut bien accepter -dans un royaume tolérant comme “le plus beau pays du monde”- le lancement de salons autour de nos produits haram du terroir. Même de manière informelle, l’authentique AOC du made in Morocco, notre blad skyzo…
Le prince & le juge
En avant-première mondiale, le teasing de la série événement de la rentrée. Une fiction produite par Makhzen Pictures. Autant dire que vous n’avez aucune chance de la dénicher dans les bacs de la Fnac Derb Ghallef. Elle s’intitule “Aïn Sebaâ District”. Play…
Dans une salle de tribunal, on voit un juge sur son perchoir. Devant lui un prince reconnaissable à sa couronne rouge. Et en arrière-plan, sur le banc des accusés, un homme en cravate rose. Il a la tête d’un journaliste ou d’un politique, peut-être les deux. On s’en fout, lui c’est juste une silhouette dans cet extrait :
• Juge : Votre Altesse, vous sied-il que l’on prononce le verdict ou préféreriez-vous qu’on reporte à une date qui conviendrait mieux à votre agenda princier ?
• Prince : Il faut surtout que votre Cour soit prête à rendre justice.
• Pour vous, on est toujours prêt. Accusé levez-vous ! Non, vous ce n’est pas la peine Votre Altesse. Restez donc à l’aise Moulay.
• Mais non, aux States tout le monde se lève à l’énoncé du verdict.
• Comme vous le voulez Altesse, je me lève aussi alors.
• Votre honneur !!! Ici c’est vous le boss…
• 7acha n3amass, je suis le serviteur de votre dynastie. Bon, on va la faire court : “Accusé pour avoir osé dire que son Altesse Moulay vit à crédit, je vous condamne au nom du roi… cousin germain de votre Altesse dois-je préciser…
• Mais arrêtez, l’idée c’est d’avoir un procès normal !!!
• D’accord je me hâte. Alors accusé, vous êtes condamné à verser un million de dirhams à son Altesse en guise de réparation et de faire paraître le jugement dans cinquante journaux, une fois par semaine, pour le restant de votre vie.
• Mais non votre honneur ! J’ai demandé le dirham symbolique et la publication du jugement dans cinq journaux seulement.
• Je sais Votre Altesse. Mais la Cour tient à faire un exemple de cet ispice de sujet. Et puis un million, vu votre fortune, c’est toujours symbolique : il y en a qui se sont pris trois fois plus pour trois fois rien.
• Mais le Maroc change. Et si je me suis présenté à la barre c’est pour signifier que nous sommes tous égaux devant la loi.
• Non, sérieux ? Et le coup de fil que j’ai reçu hier alors…
Dialogue de sourds
Dialogue social. C’est l’événement de ces jours-ci. Un nouveau round de négociation entre syndicats et gouvernement. Sauf que cette fois-ci, il n’y a rien à négocier. Le Chef du gouvernement se dit attentif, ouvert, prêt à discuter de toutes les doléances, mais qu’on ne vienne surtout pas lui demander des sous. Les caisses sont à sec, y a pas moyen de valoriser les salaires. Que restera-t-il alors à discuter avec les masses laborieuses si l’on zappe le fric ? Pas grand-chose, car tout renvoie au pognon. Même quand on négocie le droit de grève, on retombe forcément sur une histoire de flous. Les syndicats veulent être payés même quand il s’agit de piquets de grève qui durent 400 jours par an. Ils réclament de surcroît des heures sup’ sur les sit-in…
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