Trip'Tic

Gerets, dégage !

On va virer Gerets ! Enfin, presque. On va s’arranger pour qu’il présente sa démission. On fait les choses proprement, on respecte les bonnes manières chez nous… On ne va pas se fâcher avec l’entraîneur le plus aimé des Marseillais juste parce qu’il nous a rackettés. 60 millions de dirhams pour deux ans de boulot, 11 matchs officiels et 15 buts marqués, ce n’est pas un braquage non plus. Non, on ne va pas tirer sur lui. On est des oulad nass, quand même. On va se séparer en bons termes. On va même prier pour lui s’il daigne renoncer à une partie des indemnités prévues dans son contrat, plus confidentiel que les codes nucléaires d’Obama. On le raccompagnera en limousine jusqu’au tarmac de l’aéroport de son choix où un jet l’attendra pour l’emmener où il voudra. Non, ce n’est pas un traquenard, on ne va tout de même pas le déporter au Mozambique ou le vendre à Aqmi… On n’est pas comme ça : on est des gentils, comme El Fassis. D’ailleurs, si Gerets ne l’ouvre pas trop à moins de parler en bien du Maroc ; s’il ne traite jamais notre foot de supercherie dans les colonnes de France Football, on ne l’oubliera jamais. Il sera toujours le bienvenu à la Mamounia, tous frais compris, avec toute sa famille et même son chien danois… Ok, on peut même l’adopter dans un futur proche comme nouvel ami du royaume. Mais là, tout de suite, il faut qu’il dégage !

Un procès en prime…

Une autre blague belge, d’un tout autre genre. Le procès des primes des finances s’est ouvert cette semaine. Mais ce n’est pas le bon procès. Ce n’est pas Salaheddine Mezouar, ancien ministre des Finances, et Noureddine Bensouda, actuel Trésorier du royaume, qui sont appelés à la barre pour s’expliquer des gratifications à six zéros qu’ils se sont attribuées mutuellement. Ce sont deux autres fonctionnaires qui sont poursuivis pour “divulgation de secret professionnel”. Il s’agit des présumés gorges profondes qui auraient fourni à nos confrères d’Akhbar Al Youm les documents prouvant qu’entre hauts commis de l’Etat, on s’accordait des primes en millions de dirhams comme on jouerait au ping-pong. Ce procès ubuesque vient balayer d’un revers de main toutes ces jolies formules ressassées par nos décideurs : reddition de comptes, lutte contre la corruption, droit à l’information… Que des slogans passe-partout. La preuve, à la veille de ce procès des fonctionnaires, le même Noureddine Bensouda conviait tout le gotha financier pour un colloque international autour du thème “Transparence des finances publiques”. C’est ça ! Dans ses interventions et interviews, le Trésorier s’est bien évidemment gardé d’évoquer cette histoire de prime. Il a par contre osé une analyse sur les finances publiques en déclarant : “Il y a parfois des dépenses comme les charges de personnel,  par exemple, qui sont incompressibles”. Traduction transparente : touche pas à ma prime, concitoyen !

Quand la politique rend fou !

Décidément, Benkirane n’arrivera jamais à caser un des siens dans un poste de responsabilité. Rappelez-vous, dès son premier mois de mandat, on l’avait pris en traître avec une loi organique qui le dépouillait du pouvoir de nomination dans les entreprises stratégiques de l’Etat. Tout est revenu au roi et Benky a dû se contenter de quelques miettes dans le portefeuille public. Sauf que même dans ce périmètre, on a voulu limiter sa marge de manœuvre. Cette fois-ci, c’est de la faute de son ministre de la Fonction publique, en charge du dossier. Il a proposé une procédure qui confère au Chef de gouvernement, un tout petit pouvoir d’arbitrage : Benky ne peut piocher que dans une short-list de candidats sélectionnés par une commission qui échappe à son pouvoir… Franchement, 40 piges à faire de la politique et à manœuvrer jusqu’à devenir Chef de gouvernement pour se retrouver, au final, même pas habilité à placer un pote dans un grand office… Benky est à plaindre. Surtout que ce n’est pas la première fois qu’il doit contrer un coup bas venant d’un membre de son équipe. Entre son ministre de l’Intérieur qui l’interdit de meeting à Tanger et son ministre de l’Education nationale qui veut ruiner son business d’école privée (le Chef de gouvernement est moudir madrassa dans le civil), il y a de quoi perdre la boule. De voir des tamassih et afarit un peu partout…

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer