Smyet bak ?
Ahmed Abou Omar Al Kazabri.
Smyet mok ?
Khadija Bent El Bachir.
Nimirou d’la carte ?
Epargnez-moi ce détail.
Alors, vous êtes prêt pour les longues veillées ramadaniennes ?
Il y a beaucoup de travail pour accueillir ce mois sacré, mais avec l’aide de Dieu, je suis prêt. Je précise toutefois que la foi n’est pas une question ponctuelle comme semblent le croire ceux qui font montre de plus de ferveur durant ce mois.
C’est quoi votre secret pour tenir le coup pendant le ramadan : Red Bull ou sellou ?
(Rires) Ni l’un, ni l’autre. Je suis imam et j’ai dédié toute ma vie à Dieu. Et quand on a la foi, rien n’est impossible. Ça fait des années que je m’exerce pour pouvoir répondre au mieux aux besoins des musulmans qui souhaitent m’écouter psalmodier le Coran.
Le gens viennent des quatre coins du Maroc pour écouter votre tajwid (psalmodie). Quel est votre record d’affluence ?
Je ne sais pas, le plus important c’est que les gens ouvrent leur cœur au message de Dieu. Vous savez, la célébrité est venue vers moi, je ne l’ai jamais cherchée. Je suis quelqu’un de très réservé et solitaire. Mon principal hobby est de me retirer dans les régions montagneuses et isolées pour prier et méditer le message coranique. Mes deux endroits préférés sont Essaouira et Setti Fadma, sur les hauteurs de Marrakech.
Comment faites-vous pour rester concentré avec près de 50 000 personnes derrière vous ?
Plus j’avance dans la lecture du Saint Coran, plus je me sens déconnecté du monde qui m’entoure et en totale communion avec le message divin. Après, qu’il y ait 2 ou 200 000 personnes, ça ne change rien.
Est-ce que les prières se déroulent différemment quand le roi y participe ?
Sûrement. Par respect pour son statut de Commandeur des croyants, il y a une certaine hiba qui s’impose.
Vous l’avez déjà rencontré en aparté ?
à une ou deux reprises, j’ai pu l’approcher, lors de cérémonies officielles. C’est une personne pleine de bonté, ce qui contribue pour beaucoup à la marche de ce pays.
Ça ne vous agace pas ces gens qui veulent se prendre en photo avec vous après les tarawi7 ?
Si des personnes veulent m’approcher, ça me fait plaisir car elles le font par amour pour la lecture et la compréhension du Coran. Après les prières, je me réunis avec certains pour répondre à des questions religieuses ou simplement pour raconter des blagues et décompresser. Vous savez, Dieu aime l’humour.
En fait, vous organisez des afters ?
Je ne sais pas de quoi vous parlez… Mais en tant que Marrakchi, j’adore plaisanter. L’humour fait partie de la spiritualité.
Vous aimez les blagues 7amdine (lourdes) de Abdelilah Benkirane ?
Joker.
Vous connaissez bien le Chef du gouvernement ?
Je connais Si Benkirane dans un contexte personnel. C’est un monsieur d’une simplicité et d’une richesse humaines incroyables, je lui souhaite du courage pour affronter cet océan violent qu’est la politique. Il en aura besoin.
Certains religieux font régulièrement la Une des journaux avec les polémiques qu’ils lancent. Vous jamais…
Je suis un simple imam, je vis tranquillement, en communion avec Dieu le tout-puissant. Je ne sais absolument pas polémiquer. Et quand la chose politique s’invite au débat, les choses se compliquent. Je préfère donc garder mes distances avec ce domaine. Comme je vous l’ai dit, la politique est un océan dangereux où même les meilleurs peuvent se noyer.
Vous avez quand même un point de vue sur les fatwas à répétition de vos confrères ?
Pour pouvoir émettre des fatwas, plusieurs prérequis sont nécessaires : être érudit dans les sciences de l’exégèse du Coran et de la Sunna, maîtriser la langue arabe, la rhétorique et un nombre incalculable de connaissances… Et, surtout, pouvoir coller à la réalité des événements et des gens, être dans l’air du temps. Je ne pense pas que ce soit dans les cordes de beaucoup de monde de détenir tout ce savoir. Puis, de toute façon, la fatwa est réglementée au Maroc et on sait à qui ce pouvoir revient de droit.
Que pensez-vous du débat sur les libertés individuelles ?
Pour être honnête, je viens de rentrer au Maroc, après un long périple à l’étranger. Je n’ai pas eu le temps de m’informer sur les tenants et les aboutissants de ce débat.
Vous voyagez beaucoup dans les pays arabes. Quelle différence voyez-vous entre l’avant et l’après-Printemps arabe ?
En ce qui concerne les évènements qu’a connus le monde arabe, je pense que ce qui s’est passé était un rappel de la justice divine, dans le sens où ces peuples ne pouvaient pas rester indéfiniment sous la botte de l’injustice et de la domination. Cependant, les choses sont encore en train de se mettre en place, les citoyens de ces pays n’ont pas encore trouvé leur vrai chemin. J’implore néanmoins la grâce de Dieu pour que le pire ne se produise pas.
C’est quoi le pire selon vous ?
C’est la fitna (anarchie). Comme on dit, “al fitnatou achaddou min l9atl” (l’anarchie est pire que le meurtre). Quand je vois le chaos et la crispation qui se sont installés en Syrie par exemple, je suis inquiet. Mais je suis croyant et je pense que Dieu guidera les musulmans vers le droit chemin.
Des projets pour l’avenir ?
Créer une medersa pour enseigner le Coran et les sciences religieuses aux jeunes. Il y a un grand nombre d’imams actuellement qui ont acquis un savoir qu’ils doivent transmettre aux générations suivantes.
Etes-vous devenu riche en devenant célèbre ?
L’argent m’importe peu. Ce n’est pas ce que je recherche. J’habite dans une maison qui fait partie d’un habous de la mosquée où je suis imam. Donc je ne suis même pas propriétaire. J’ai ce qu’il me faut et les biens de ce bas monde ne m’intéressent pas.
Il paraît que vous êtes un grand fan de football ?
Oui, j’y ai beaucoup joué quand j’étais plus jeune. Mais là, je fais de moins en moins de sport.
Le 28 juillet prochain, le Raja va jouer contre le Barça à Tanger. Vous croyez que la mosquée Hassan II fera moins le plein ce jour-là ?
(Rires) Je ne pense pas. Le Coran est une thérapie pour les musulmans pendant et en dehors du ramadan. Mais je dois bien reconnaître que, depuis 3 ou 4 ans, le Clasico espagnol est devenu une véritable obsession chez les gens. ça déchaîne les passions au point que certains négligent leurs prières les soirs de match. C’est regrettable…
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