La patronne des patrons vient de choisir les hommes et les femmes qui vont l’accompagner durant son mandat. Zoom sur une équipe qui fait déjà parler d’elle.
Depuis son élection le 16 mai, Meriem Bensalah consacre toute son énergie à sa nouvelle fonction de présidente de la CGEM. Elle passe tout son temps au siège de la confédération sis au quartier Palmier à Casablanca, au point que sa présence assidue étonne les cadres du syndicat patronal. Jusqu’à tout récemment, ces derniers ne croisaient que rarement le big boss. Ainsi, si l’ex-président, Mohamed Horani (2009-2012), passait la plupart de ses matinées à la CGEM, l’après-midi, il se rendait plutôt au complexe Casanearshore où se trouve sa propre entreprise HPS. De même, son prédécesseur, Moulay Hafid Elalamy (2006-2009), ne venait qu’occasionnellement au siège du patronat. Il déléguait la plupart des tâches à ses hommes et femmes de confiance, qu’il recevait régulièrement dans les bureaux de son holding Saham.
Meriem Bensalah est une travailleuse acharnée. A peine élue, elle s’est immédiatement attaquée à la préparation de son premier conseil d’administration. Et en moins de 45 jours, elle s’est déjà démarquée. “Son niveau d’exigence est relativement élevé. Si elle n’est pas convaincue, elle demande courtoisement aux gens de peaufiner leur rendu”, constate ce chargé de mission à la CGEM. Issue de l’industrie, la dirigeante de la société des eaux minérales Oulmès enchaîne les réunions avec ses nouveaux collaborateurs. Si un dossier bloque au milieu d’une réunion, il n’est pas question d’arrêter la machine : “Une rencontre avec la présidente peut durer toute la journée. L’essentiel pour elle, c’est que le produit fini soit de bonne qualité”, témoigne un cadre.
Du sang neuf et des vétérans
Avec qui Meriem Bensalah va-t-elle gouverner durant son mandat de trois ans ? Sur cette question, elle est restée discrète jusqu’au premier conseil d’administration. D’ailleurs, deux jours avant la tenue de ce rendez-vous crucial, certaines fédérations lui ont reproché son manque de concertation. La patronne des patrons a apaisé ces tensions en les réunissant autour d’un déjeuner qui a précédé la rencontre des administrateurs, le 27 juin. Cependant, même lors de ce repas, elle continuera de garder le silence à propos des noms des personnes qu’elle a choisies pour former son équipe. Et ce n’est qu’une fois qu’elle a donné le coup d’envoi du conseil d’administration, à 15h, qu’ils ont enfin été révélés. Conformément aux statuts de la CGEM, Meriem Bensalah a “proposé” 17 patrons d’entreprise, soit le quart des membres dits de droit (présidents des fédérations sectorielles et des unions régionales, etc.). Elle a commencé par désigner Laila Miyara et Nezha Hayat. Cette première résolution, réservée aux femmes chefs d’entreprise, a été adoptée haut la main. Et tous les noms qu’elle a soumis par la suite ont été approuvés à l’unanimité. “Le vote a eu lieu à main levée et non pas dans le secret comme le veut la tradition”, précise un membre du conseil. Parmi les 22 présidents des commissions choisis (soit 4 de plus par rapport à l’époque Horani), on trouve beaucoup de nouveaux visages, ainsi que quelques vétérans. L’une des nominations les plus appréciées est celle du PDG du CIH, Ahmed Rahou, qui entame ainsi sa carrière syndicale au sein du patronat en chapeautant la commission “climat des affaires et partenariat public – privé”. Mohamed Fikrat, le patron de la filiale sucrière du holding royal, se voit confier la commission “Investissements, compétitivité et émergence industrielle”. Jamal Belahrach, Mohamed Talal et Saïd Mouline seront maintenus, eux, à leurs postes respectifs (emploi, logistique et économie verte). De plus, Bensalah innove en modifiant l’intitulé d’un certain nombre de commissions, à l’instar de celle du “commerce extérieur”, qui a été remplacée par celle de l’“exploitation des ALE et relations internationales”. Elle crée au passage de nouvelles commissions qui traduisent, en filigrane, les priorités stratégiques de son mandat.
Les hommes de la présidente
Ainsi, les relations entre les banques et les entreprises feront l’objet d’une commission confiée à Souad Benbachir, cheville ouvrière de la banque d’affaires CFG. Une attention particulière sera également accordée à “la compensation industrielle et à l’accès aux marchés publics”, qui sera menée par l’ancien directeur délégué de la CGEM du temps de Moulay Hafid Elalamy, Mehdi El Idrissi. Quant à Jamal Chaqroun —qui n’est autre que le mari de Bensalah—, il sera en charge de l’“intelligence économique”. Enfin, la patronne des patrons attribue la commission de “la communication” à Neïla Tazi, la fondatrice du Festival d’Essaouira. Une première dans l’histoire de la CGEM… Last but not least, la présidente de la centrale patronale a levé le suspense en présentant les cinq vice-présidents qui vont l’accompagner tout au long de son mandat de trois ans. Comme on pouvait s’y attendre, les heureux élus sont constitués de la fine fleur du patronat marocain : Anas Sefrioui, Abdeslam Ahizoune, Moulay Ahmed Loultiti, Omar Kabbaj, Saïda Karim Lamrani et Faïçal Mekouar. Si certains considèrent que ce sont les nouveaux bailleurs de fonds de la Fondation CGEM, le bras armé de la confédération, d’autres se demandent si ces grands calibres trouveront du temps à consacrer aux affaires du patronat, le passage « inaperçu » du vice-président Mustapha Terrab durant le mandat de Moulay Hafid Elalamy ayant laissé un souvenir mémorable. D’autres, encore plus curieux, veulent savoir pourquoi la présidente n’a pas respecté la parité dans la composition de sa dream team. Mais puisque le gouvernement lui-même a fait fi de ce principe constitutionnel, pourquoi la CGEM s’encombrerait-elle d’une telle “contrainte” ?
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