Ce que le roi a dit Alors
Il les a engueulés ou pas ? Le déroulement du Conseil des ministres, tenu le 17 juin à Oujda, a déchaîné les passions. Une version raconte que Mohammed VI a réprimandé les membres de son gouvernement qui se livrent à une guerre de tranchée plutôt que de bosser en équipe. Une autre relate que, bien au contraire, la séance de travail avec le monarque s’est déroulée le plus normalement du monde avec, en prime, un mot royal gentil à l’adresse de tous ses ministres. Alors, laquelle de ces deux histoires croire ? Là n’est peut-être pas la question sur laquelle il faudrait se focaliser. Ce qui mérite probablement d’être analysé, c’est ce besoin de connaître la position de Mohammed VI sur tous les sujets. Un besoin légitime, normal, fondamental. Après tout, c’est lui le patron. C’est à lui que revient toujours le Final Cut. Et dans un pays où le processus de prise de décision tourne au ralenti, ça nous ferait gagner du temps de connaître à l’avance la position du souverain. De plus, en choisissant de rester à la fois arbitre et acteur, l’institution monarchique a le devoir de se prononcer sur tous les sujets. On aimerait la voir se prononcer sur les cahiers de charges des télévisions publiques, des agréments, des primes des finances, de la liberté sexuelle… Bref, communiquer davantage sur des sujets de société. La communication du Palais passe aujourd’hui par la voie d’une kyrielle de conseillers. Elle reste discrète, elle se passe dans les coulisses, alors, souvent, les pistes sont brouillées. Pourquoi alors ne pas nommer un porte-parole du Palais, comme c’était le cas au début de règne de Mohammed VI ? C’était bien ça, non ?
I have a dream !
Nous sommes le 24 juin 2026. Italie – Angleterre, c’est l’affiche du jour pour les quarts de finale de la Coupe du Monde qui se joue au Maroc. Depuis deux semaines, le royaume vibre au rythme de centaines de milliers de supporters venus des cinq continents. Aujourd’hui, dans la “fan zone” de Casablanca, les supporters anglais ont commencé la fête très tôt. A 9h, ils sont torse nu, gobelet de bière dans la main : ils chantent, ils dansent au rythme d’un show de chikhate en topless sponsorisé par Coca-Cola, partenaire officiel de Morocco 2026. Pas loin, de sublimes Ukraniennes, qu’on dirait sorties des couv’ de Vogue, suivent un cortège conduit par Nadia Yassine et Bassima Hakkaoui portant des pancartes haut les bras : “Free hang” (accolade pour rien)… C’est gratos, sans arrière-pensée… Au stade, les tribunes sont noires de monde : zéro bousculade, zéro engueulade, que de la bonne humeur, des sourires, des bisous et du beau spectacle. Les joueurs rentrent sur la pelouse. Ils sont tous là, en chair et en os : Rooney, Balotelli, Buffon, Terry… Qu’est-ce qu’ils foutent encore là en 2026 ??? L’arbitre siffle le coup d’envoi. Il siffle encore, siffle encore, il ne veut pas s’arrêter… Zut, ce n’est pas un sifflet… C’est le réveil qui sonne… Oups, ce n’était qu’un rêve… Non, ce n’est pas un rêve… C’est mieux qu’un rêve… Tout est réel… Ou presque. C’est juste que ça se passe loin du Maroc. On est à Kiev, capitale de l’Ukraine, à l’Euro 2012… Et c’est formidable. Car mieux vaut rêver les yeux ouverts : organiser un Mondial au Maroc, ça sera pour le jour où le public du foot deviendra aussi coincé qu’un tifosi de curling sur sable.
Tarawih pied dans l’eau
Ainsi, Al Adl Wal Ihsane veut remettre ça. Rappelez-vous, ces invasions de plages qu’organisaient les disciples du cheikh au tchamir au début des années 2000 et qui tournaient souvent aux affrontements avec les forces de l’ordre… Les estivants, eux, n’avaient plus droit de cité dans ces zones où l’on bronze en burkini. Cette saison donc, la Jamaâ voulait reprendre ses beach-parties. Et elle comptait sur les Pjdistes -aujourd’hui au pouvoir- pour lui délivrer toutes les autorisations nécessaires. Bien sûr, les compagnons de Benkirane ne se sont pas grattés la barbe très longtemps. “Nous sommes contre toute forme de campements sectaires”, a déclaré un des dirigeants islamistes. Traduction : “Ça sera non ! On ne va pas s’embrouiller avec le Makhzen pour vous faire plaisir”. Pourtant, peut-être qu’une partie des Marocains ne seraient pas dérangées de voir Al Adl camper sur les plages cet été. Il y a tous ces bons musulmans qui, ramadan oblige, ne vont pouvoir ni mater les nanas en bikinis ni même jouer au foot ou aux raquettes au risque de mourir de soif avant le moghreb. Autant alors leur proposer d’autres activités ludiques comme prier ou psalmodier le Coran, pied dans l’eau. Même les Marocains modernistes n’auraient rien contre l’installation de la Jamaâ à Bouz ou Dar Bou. Eux seront de toute façon loin du pays et du ramadan, pour cause de diabète non encore diagnostiqué. Mais bon, la location ne dure qu’un mois. C’est-à-dire qu’après le ramadan, il faudra décamper sans faire de vagues…
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