Egypte. ­L’armée droite dans ses bottes

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Assemblée dissoute, pouvoir législatif aux mains des militaires… Fraîchement élu par le peuple, le nouveau président égyptien n’aura guère de pouvoir réel.

La fin du mois de juin était censée marquer la fin de la transition militaire, et le retour à un gouvernement civil. Mais non : contrevenant à ses engagements, l’armée a décidé de s’accrocher au pouvoir. D’abord, par un décret qui autorise les renseignements et la police militaires à arrêter des civils. Ensuite, par deux décisions de la Haute cour constitutionnelle, une instance formée de juges nommés par Hosni Moubarak. Primo, cette cour a jugé anticonstitutionnelle la loi interdisant aux dignitaires de l’ancien régime de se présenter aux élections. Une décision qui a permis à Ahmed Chafiq, dernier Premier ministre de Moubarak et ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, de participer à la présidentielle. Secundo, sous prétexte d’un vice juridique dans la loi électorale, l’instance a ordonné la dissolution de l’Assemblée du peuple, la seule à avoir jamais été élue démocratiquement par les Egyptiens ! Dans la foulée, le Conseil suprême des forces armées (au pouvoir depuis la fin de la révolution) s’est arrogé le pouvoir législatif, jusqu’aux prochaines élections. Lesquelles ne pourront avoir lieu que dans de longs mois, après la rédaction de la nouvelle Constitution, sur laquelle l’armée s’est octroyé un droit de veto. En réalité, le nouveau président égyptien ne pourra faire passer la moindre loi sans l’assentiment des militaires. En Egypte, l’armée reste reine.

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