Il assistait tous les matins au réveil du pape, en tant que majordome de Benoît XVI. Désormais, il dort à l’ombre, dans une cellule de la gendarmerie vaticane. Désigné comme le “corbeau” à l’origine de révélations sulfureuses sur la conduite des affaires du Saint-Siège, Paolo Gabriele, 46 ans, a été arrêté à son domicile, dans l’enceinte de la cité papale. Des dizaines de rapports confidentiels auraient été retrouvés dans ses appartements. Mais son incarcération risque aussi, s’il se met à parler, de provoquer une déflagration retentissante. Fin avril, excédé de voir sa correspondance étalée dans les médias italiens, le pape avait institué une commission afin de trouver la taupe. Juste avant qu’un journaliste ne publie un livre, Sa Sainteté, les dossiers secrets de Benoît XVI, sur la base de documents fournis par une taupe rebaptisée “Maria”. L’ouvrage évoque à la fois les coups bas entre prélats, les manœuvres financières ou le dîner entre le chef de l’Etat italien, Giorgio Napolitano, et le pape pour éviter la reconnaissance en Italie des couples homosexuels. “C’est un acte criminel”, a réagi le Vatican, qui s’est lancé dans une chasse aux serviteurs infidèles. A Saint-Pierre, on pressent que le majordome accusé de “vol aggravé” n’est pas le seul Judas.
Libération (France), le 28 mai.
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