Smyet bak ?
Lahcen Hachim
Un rapport avec un certain Hachim Ibn Abd Manaf, grand-père du prophète Mohammed, dont vous parlez dans le dico des noms de famille ?
Non, aucun. Nous avons pris ce nom de famille depuis plus de trois générations pour ‘ntbarkou bih” comme on dit chez nous, c’est une manière de lui rendre hommage.
Vous lui reversez des royalties ?
(Rires) Même pas.
Smyet mok ?
Naïma Mazili.
Ah, son nom n’est pas dans le livre, elle n’a pas fait la gueule…
Il y a la variante amazighe Amzil, je ne pouvais pas mettre tout le monde. Il n’y a pas le nom de ma mère, ni celui de mon mari dans la première édition…
Nimirou dl’a carte ?
BE444824.
Qu’est-ce qu’il y a marqué dans la case profession sur votre CIN ?
Consultante en communication. Ça date de l’époque où je travaillais dans la com, c’est d’ailleurs ça qui me faisait vivre, pas les piges dans la presse.
Vous sortez la réédition augmentée de 500 patronymes du Dictionnaire des noms de famille, c’est pour faire plaisir à tout ceux qui ne figuraient pas dans la première version ?
Non, c’est juste qu’il y avait un besoin. J’ai pris goût à ce travail, j’avais des notes en réserve… Et puis, tous les exemplaires de la première édition se sont écoulés.
Mais alors, pourquoi êtes-vous paniquée à la veille de la sortie de la nouvelle édition ? Ce ne serait pas de la fausse modestie ?
Non, j’ai un trac pas possible. Je suis une grande bosseuse, j’ai fait un travail très documenté, mais on n’est jamais à l’abri d’un souci technique, d’un problème d’impression, et on ne sait pas si le lectorat suivra.
Au fond, vous êtes une grande stressée de la vie ?
Les gens disent que je suis très peace & love, zen, on m’apprécie pour ma sagesse, mon sang-froid. En réalité, je suis super speed, je vis à 2000 km/h.
Vous carburez à quoi ?
Au café, au sport, je m’occupe de ma maison en passant du vernis sur les portes, de la peinture sur les jardinières, j’adore kerbel la terre,
planter, arroser…
Hyperactive ?
Peut-être, mais je passe aussi par des périodes de paresse aiguë.
Revenons au dictionnaire. Vous ne pensez pas que les Marocains ont le complexe du nom de famille ?
Oui, c’est sûr. Certaines familles se croient sorties de la cuisse de Jupiter, alors que d’autres estiment être de basse extraction, oubliant que c’est à elles de se faire un nom.
Il y a quelques années, vous animiez une émission radio sur les grandes familles marocaines. C’était quoi, un produit dérivé de votre livre ?
C’est venu comme ça, on m’a proposé d’animer une quotidienne, j’ai accepté. Mais je ne faisais pas que lire le dictionnaire, je faisais de la réécriture, pour adapter les textes au format radio. Et chaque jour, j’essayais de parler d’une famille 3roubie, une amazighe, une juive, pour garder un certain équilibre.
Comment vous déterminez l’origine chérifienne de telle ou telle famille ?
Je ne me base pas sur les conversations de salon, mais sur la littérature scientifique existante. Et je peux vous dire que je ne compte plus les familles qui se disent koraychites alors qu’elles sont très probablement amazighes. Dans ces cas-là, je précise bien “une ascendance qui ne fait pas l’unanimité”.
Les Marocains lisent très peu. Ce n’est pas un peu casse-gueule de publier un livre ?
Si je devais être raisonnable, c’est clair que je n’écrirais pas une ligne. J’ai dit adieu à ma carrière, sans un seul dirham de revenu pendant la première édition. Si je devais compter ce que j’ai gagné durant mes 5 années de travail, ça ne correspondrait même pas à un SMIG. Sans compter que j’avais autoédité mes livres, hormis cette édition, élaborée avec les éditions Le Fennec.
Vous n’êtes pas dans le besoin quand même ?
Non, je suis comblée, en phase avec moi-même. Hamdoullah, j’arrive à vivre comme une éternelle étudiante. Mais quand je pense à tous ces cracks issus de milieux défavorisés, ces talents qui, faute de moyens, ne peuvent rien faire et restent brimés, je me dis que la création est massacrée dans notre pays.
Vous vous considérez comme une bent cha3b ?
A 100%, et ça m’énerve quand on me traite de bourgeoise. C’est sûr que je n’ai pas de souci financier, mais ce mot-là, “bourgeoise”, il ne me plaît pas. Je ne manque de rien mais je ne fais pas partie de la jet-set.
Et donc, en quoi vous êtes une bent cha3b ?
Mon père est né à la campagne, à Mediouna, j’ai encore des oncles paysans, des tantes qui vivent à la campagne. Je tape tout le temps la discut’ avec les gardiens de voitures, les cireurs, les éboueurs… A la limite, je pourrais être une bourge 3roubiya (rires).
Vous avez 5000 amis sur Facebook, où vous êtes très active. Addicte ?
Amis, c’est beaucoup dire dans certains cas… Mais c’est vrai que je passe énormément de temps sur Facebook. Je suis tout le temps connectée, sur smartphone, sur l’ordinateur. Je crois que je suis addicte, en tout cas c’est ce que me dit ma fille. Parfois, je me dis, j’arrête, mais je n’y arrive pas (rires).
Souvent, les commentaires fusent sur votre page. Il vous arrive de censurer ou de modérer certains propos ?
Uniquement quand je trouve des grossièretés, car c’est inacceptable. Certains confondent critique et insulte. Mais toutes les sensibilités sont présentes.
Vous avez récemment publié plusieurs posts dans lesquels vous vous indigniez devant l’incarcération du rappeur L7a9ed et ce qui est arrivé à la jeune Amina Filali, qui s’est donné la mort après avoir été mariée à son violeur. Vous vous considérez comme une faiseuse d’opinion ?
Du tout, je ne me prends pas au sérieux même si je suis sérieuse dans mes prises de position. Je pense seulement qu’un citoyen honnête ne peut pas et ne doit pas se taire devant l’injustice. Je trouve que dans notre pays, nous avons une justice à géométrie variable.
Vous êtes patriote ?
Oui, et je pense qu’aimer son pays, c’est dire ce qui ne va pas, et non en faire un tableau idyllique.
Bilan des premiers mois du gouvernement Benkirane ?
Je suis déçue, je fais partie des gens qui croyaient dans le PJD, mais je ne vois rien venir. Quand j’entends un ministre dire “Rza9 3end Allah”, je me dis okay, très vrai, mais j’attends autre chose du Chef du gouvernement que de venir prier au parlement. On nous dit qu’on va divulguer la liste des bénéficiaires d’agréments de carrières de sable, puis, on fait volte-face. Bref, un pas en avant et deux en arrière…
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