Le légendaire groupe de rock allemand a fait escale à Rabat, lors du Festival Mawazine. TelQuel a rencontré Rudolf Schenker, son fondateur et guitariste en chef.
Cela fait plus de 40 ans que Scorpions existe. Comment avez-vous réussi à rester soudés durant toutes ces années ?
Lorsque j’ai décidé de fonder le groupe au milieu des années 1960 à Hanovre, j’ai d’abord fait appel à des amis. Pour moi, il était important que la philosophie du groupe soit d’abord basée sur l’amitié et sur notre passion commune, le rock’ n’roll. Et c’est exactement ce qui est arrivé : nous sommes avant tout un groupe d’amis qui partagent un seul et même rêve. Depuis toujours, nous avons eu la passion du rock dans nos cœurs, c’est ce qui nous a permis d’avancer en restant soudés, même dans les périodes les plus dures de notre histoire.
Lorsque vous êtes sur scène, on sent une réelle connexion entre les membres du groupe. Comment décririez-vous l’alchimie qu’il y a entre vous ?
Scorpions, c’est en réalité comme une Piña Colada (rires) ! Il nous a fallu du temps pour trouver les bons ingrédients et les bonnes doses, mais nous y sommes arrivés… C’est le fruit de plusieurs années d’expériences et d’essais différents. Il n’a pas été facile de trouver le bon guitariste ou le batteur idéal. Mais, aujourd’hui, nous sommes exactement sur la même longueur d’ondes !
Vous effectuez actuellement votre tournée d’adieu mondiale. Qu’est-ce qui vous a poussés à prendre cette décision ?
Depuis le début de notre carrière, nous avons joué aux quatre coins du monde, sans presque jamais faire de pause. Nous sommes, depuis toujours, connus pour être un bon groupe de scène. On le doit à nous-mêmes, à notre travail, mais aussi à nos fans qui nous soutiennent depuis les seventies. C’est pourquoi nous voulons nous arrêter avant de les décevoir. Nous voulons nous retirer avec les honneurs, en offrant au public un show de qualité, digne des premières années de Scorpions.
Est-ce que la tournée se déroule comme vous l’aviez imaginé ?
Lorsque nous avons annoncé que c’était notre dernière tournée, nous n’avions pas réalisé qu’elle allait être si riche en émotions. A présent, plus nous nous rapprochons de la fin, prévue vers fin 2012, plus les choses deviennent difficiles pour nous. Surtout que nous découvrons des endroits où nous n’avons encore jamais joué, comme le Maroc par exemple, mais également un public différent. Il y a beaucoup de jeunes qui viennent à nos shows, en se disant que c’est le moment ou jamais de nous voir sur scène. C’est un privilège pour nous.
Avez-vous déjà une idée de ce que vous allez faire lorsque la tournée sera terminée ?
C’est une question que tout le monde tient à nous poser, alors que nous n’avons aucune idée de ce que demain sera fait ! Nous n’avons jamais été du genre à planifier les choses des années à l’avance. Pour le moment, nous voulons profiter de l’instant présent au maximum. Nous voulons vivre à fond tous les concerts de cette tournée et célébrer pleinement avec nos fans la fin de l’aventure Scorpions. Nous devons encore aller jouer en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, et nous allons sûrement sortir un DVD avec les meilleurs moments de cette tournée d’adieu. Après, on verra bien.
Avec du recul, quel a été le moment le plus fort de votre carrière ?
Sans aucun doute lorsque nous avons été invités au Kremlin par Mikhaïl Gorbatchev, en 1991. Il était alors président de l’ex-URSS et, symboliquement, c’était fort, en particulier à cause des relations sensibles qui ont existé pendant des décennies avec l’Allemagne. Son invitation prouvait que la musique pouvait changer les choses et que le message de notre titre Wind of Change avait réellement été entendu. En l’écrivant, nous voulions faire comprendre au monde que la nouvelle génération d’Allemands voulait s’ouvrir aux Russes, qu’elle cherchait la paix, pas la guerre.
Comeblack, votre dernier album, contient des versions réenregistrées de certains de vos standards, ainsi que des reprises de classiques du rock. Sur quels critères avez-vous choisi ces morceaux ?
Après plusieurs concertations avec nos producteurs, chaque membre du groupe a proposé une liste de morceaux qu’il souhaitait voir sur cet album. Nous en avons longuement discuté avant de faire notre choix. Concernant les reprises, nous voulions rendre hommage à tous les groupes qui nous ont inspirés musicalement et qui ont fait de Scorpions le groupe qu’il est actuellement. C’est pour ça que l’album contient des reprises de groupes majeurs comme les Rolling Stones, les Beatles ou les Kinks.
Parcours. Des rockers made in Germany Jeudi 24 mai, scène OLM-Souissi à Rabat. Des dizaines de milliers de spectateurs sont là pour assister au concert des Scorpions. Beaucoup appréhendent la qualité du show, étant donné que les rockeurs ne sont plus dans la fleur de l’âge. Mais dès le premier morceau, ils sont soulagés. Le message est clair : les Scorpions sont tout sauf des papys souffrant d’arthrose. Leur concert est spectaculaire, l’un des meilleures de toute cette édition du Festival Mawazine. La voix de Klaus Meine est égale à elle-même, et des morceaux comme Still loving you, Wind of change ou Rock you like a Hurricane sont repris en chœur par le public présent, tous âges confondus. La preuve que ce groupe allemand, fondé en 1965, a marqué plusieurs générations d’amateurs de musique rock. Jusqu’à aujourd’hui, ils ont vendu plus de 100 millions d’albums et sont considérés parmi les pionniers du hard-rock. Un parcours exceptionnel pour ce groupe qui a vu le jour en Allemagne et qui a influencé de grosses pointures américaines telles que Metallica, Bon Jovi ou encore les Smashing Pumpkins. La plus belle période de leur carrière ? Les années 1980, lorsque des albums tels que Blackout (1982), Love at first sting (1984) ou encore Savage amusement (1988) sont au top des charts mondiaux. Au milieu des années 1990, même si le succès planétaire n’est plus au rendez-vous, ils continuent à produire des albums intéressants, comme Moment of Glory (avec l’Orchestre philarmonique de Berlin), ou encore Accoustica (versions acoustiques live de leurs plus grands tubes). Un bon groupe, définitivement. |
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