Trip'Tic

Shot the sheriff

Mustapha Moufid, préfet de police de Rabat, s’est pris une raclée. Une vraie, une méchante. Et en public, devant des VIP venus assister, à Mawazine, au concert de Pitbull. Deux jeunes lui sont tellement rentrés dans les plumes qu’on pouvait entendre le plus gradé des poulets de la capitale crier 3ouk 3ouk. Pire, ils s’en sortent (pour le moment) à bon compte puisqu’ils ont été relâchés en moins d’une heure. Il faut croire que les deux enragés ont un pedigree full pass, à vous sortir de n’importe quel embarras. Cette histoire rocambolesque, relatée par lakome.com, a déchaîné les commentaires sur le site de la publication électronique et sur d’autres forums tant virtuels que réels (terrasses de café, comptoirs de bar, sièges de taxi, bancs de commissariat, etc.). Normal, on est là devant le summum de l’impunité, le comble de l’abus de pouvoir, le nec plus ultra de la 7ogra. Certains internautes y ont vu une justice rendue à des centaines de Marocains qui ont goûté à la matraque des hommes de Moufid lors de dispersions de sit-in devant le parlement. D’autres ont eu de la peine pour ce sécuritaire, pressé par plus galonné que lui, de retirer sa plainte. Mais le plus pertinent des commentaires est sans doute celui de ce membre du M20, proche du rappeur L7a9ed. “Mouad s’est pris un an de prison ferme rien que pour avoir fait une chanson où il chambrait les flics. Que faudrait-il conclure ? Dénoncer en rap des forces de l’ordre —dont une bonne partie vend dignité et uniforme pour un billet vert— serait donc plus grave que de taper sur du gallinacé ?” Rien à rajouter…

Ali, Warda et les autres

Fouad Ali El Himma se fait rare dans les médias. Alors, pour une fois qu’on le voit parler à la télévision, on ne va pas bouder notre plaisir. Même si, au final, il n’a pas dit grand-chose. En fait, le conseiller royal est allé représenter son boss aux obsèques de Warda Al Jazaïria. Et pour l’occasion, il a daigné accorder un sonore à la télévision algérienne, bien évidemment repris par nos deux chaînes nationales. Ben oui, la mort de Warda est un sujet qui a sa place dans un conducteur de JT. Et si en plus El Himma lui rend hommage, ça devient un grand format. Dommage que nos frères algériens ne lui aient pas posé les bonnes questions. Car, avec tout le respect dû à la mémoire de cette grande artiste arabe, on s’en fout qu’El Himma nous dise que “Warda est une perte pour la culture”. Quand on a Si Fouad dans le cadre, le voyant Rec allumé, on le bombarde de questions : son rôle auprès du roi ? Ses rapports avec Benkirane ? Sa vision de son ancien parti, le PAM ? Son opinion sur le 20 février ? Sur le Printemps arabe ? Les élections en Algérie ? L’ouverture des frontières ? En même temps, on ne peut pas exiger de nos amis est-Oujda d’avoir le talent et l’audace des JRI du Petit Journal de Yann Barthès. Nos journalistes télé n’auraient peut-être même pas eu le courage de tendre le micro au spin doctor politique du Palais. D’ailleurs, sur 2M, ils se sont même trompés dans la retranscription du nom du “conseiller de Sa Majesté”. Ils l’ont prénommé : Mohamed Ali… Remarquez, ça lui colle bien : c’est un poids lourd de la politique.

Un syndicat très spécial

Il faut trinquer pour ça ! Les débiteurs de boissons à Casablanca ont créé un syndicat. Il était temps que les patrons de bars, de pubs et de boîtes de nuit sortent du bois et arrêtent de raser les murs comme si on était à l’ère de la prohibition. Il faut assumer son taf de guerrab patenté, s’organiser et défendre ses intérêts. Voici donc, en exclusivité régionale, le plan d’action de ce nouveau syndicat :

• Contrer tous ces militants associatifs qui viennent racketter les bars en menaçant les patrons d’organiser des sit-in populaires devant le débit de boissons. Le meilleur moyen serait de saouler ces faux gardiens de la morale jusqu’à ce qu’ils perdent leurs ablutions dans leurs frocs…

• Faire du lobbying pour augmenter chaque année la taxe intérieure de la consommation. Car ça les arrange : quand le prix de la Spéciale sortie d’usine augmente de 50 centimes, le prix dans leurs comptoirs est rehaussé d’un dirham.

• Abroger la loi leur interdisant de servir de l’alcool aux musulmans. Après tout, la croyance remplit le cœur et non le bide. Et la foi n’est pas à confondre avec le foie…

• Obliger les Brasseries à revoir le packaging de ses bières et vins : la bibine dans des bouteilles de Pom’s, le pinard dans du PVC à Cola. Comme ça, même les Marocains pourront picoler en terrasse et profiter du soleil.

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