Smyet bak ?
Ahmed Ben Omar.
Smyet mok ?
Hafida Bent Omar.
Nimirou d’la carte ?
KA1210.
Alors, ça fait quoi d’être copain avec le nouveau président français ?
Je ne suis pas sûr que le mot copain soit vraiment approprié. J’ai eu beaucoup d’affection pour le premier secrétaire du PS, de l’admiration pour le candidat et un profond respect ainsi que de la reconnaissance pour le président qui nous a débarrassés de Nicolas Sarkozy.
Vous haïssiez Sarkozy à ce point ?
Ce n’est pas de la haine, mais j’ai été profondément choqué par le cynisme de la campagne de Sarkozy, qui stigmatise les Arabes et les musulmans, et tend à dresser les Français les uns contre les autres.
En 2007, Sarkozy a fêté sa victoire sur les Champs-Elysées. Où avez-vous célébré la vôtre ?
A la Bastille. Comme tout le monde, nous avons fait la bise à Hollande et nous sommes rentrés nous coucher.
Tout le monde n’a pas fait la bise au président …
C’est vrai que nous étions privilégiés. Nous l’avons attendu sous un chapiteau, la rencontre a duré quelques secondes. Il m’a dit : “On l’a fait”. Je lui ai répondu : “Non, c’est toi qui l’a fait. Merci”.
Il aime le Maroc, Hollande ?
Et qui n’aimerait pas le Maroc ?
Soit, posons la question autrement alors. Pour ses vacances, il est plutôt Marrakech, Djerba ou à La Martinique ?
Marrakech est trop bling-bling pour Hollande. Il choisirait plutôt Tanger. Une ville littéraire et simple.
On le dit “mou et inexpérimenté”. Vous confirmez ?
François Hollande n’est ni mou ni inexpérimenté. Il a été premier secrétaire du Parti socialiste français pendant plus de10 ans. Il a été associé de près à la gestion du gouvernement de Lionel Jospin. Il a mené une campagne remarquable face à Nicolas Sarkozy. J’ai toujours su qu’il allait nous étonner.
Vous l’avez déjà reçu au Maroc. Comment ça s’est passé ?
Lui et sa compagne sont venus chez moi à titre privé. C’était agréable et sympathique de le recevoir. Mais les visites des autorités marocaines à mon domicile après leur départ l’ont été un peu moins. Je pense qu’elles n’avaient pas remarqué leur arrivée et ne se sont aperçues de leur présence au Maroc que lorsqu’ils sont partis. Ça m’est donc retombé dessus… Mais ce n’était pas bien méchant.
Le film qui raconte l’ascension de Sarkozy s’appelle La conquête. Si vous deviez faire un film sur François Hollande, quel serait son titre ?
Le premier mot qui me vient à l’esprit, c’est “Espoir”, incontestablement.
Il y a beaucoup d’Algériens et de Tunisiens dans l’entourage du nouveau président. Cela impactera-t-il sa relation avec le Maroc ?
C’est vrai qu’il n y a pas beaucoup de Marocains parmi ses proches collaborateurs. Mais cela ne m’inquiète pas. François Hollande est un homme sérieux, qui sait faire la part des choses et qui est parfaitement conscient de ses nouvelles responsabilités. Il est bien au-dessus de ce genre de considérations.
Certains artistes marocains ont joué un rôle de médiateurs avec le gouvernement de droite. Serez-vous le messager du Maroc auprès du gouvernement de gauche ?
Jamais. Je suis cinéaste, pas diplomate. Je ne pense pas que la France et le Maroc aient besoin d’intermédiaires. Les relations sont extrêmement fortes entre les deux pays. Je préfère de loin faire de la politique en réalisantsant des films. C’est déjà pas mal comme ça !
Justement. Votre documentaire Hercule contre Hermès raconte l’histoire d’un petit paysan qui résiste à un puissant homme d’affaires français, quelque part au nord du Maroc. Vous croyez aux contes de fée ?
Est-ce croire aux contes de fée que de se rebeller contre des comportements “féodaux” ? Comment accepter que la maison dudit homme d’affaires coupe l’électricité qui alimente le haut-parleur de la petite mosquée adjacente pour interrompre l’appel du muezzin ? Comment tolérer que des pylônes haute tension à usage privé soient installés sur les terrains des paysans sans même les consulter ? Comment admettre que l’eau de sept sources publiques profite à une seule maison, privant de nombreux villageois de leurs ressources hydriques ?
Arte, qui devait diffuser ce documentaire, s’est désistée au dernier moment alors que 2M le maintient sur sa grille…
Arte ne s’est pas désistée et n’a jamais censuré un film de son histoire. Il est vrai qu’il y a eu quelques malentendus, mais tout est rentré dans l’ordre et le film sera diffusé. Quant à 2M, c’est un soutien indéfectible depuis le début. Et c’est très important pour moi.
Pourquoi avez-vous tenu autant à faire ce film ?
C’est ma contribution à un Maroc meilleur. Je m’intéresse à des sujets délicats, épineux, qui peuvent déplaire à certains. Ce sont évidemment les plus intéressants. Ils exigent une forme d’engagement et, pour moi, faire des films, c’est s’engager.
Vous êtes un cinéaste qui a fait beaucoup d’études. Être lauréat de la Villa Médicis vous rend-il plus talentueux ?
Je pense qu’il n’y a aucun lien entre les études et le talent. Ce qui fait la différence, c’est sans doute la sensibilité, un certain regard.
Vous vivez à Paris depuis 1986. Vous n’avez jamais été tenté de rentrer au pays comme l’ont fait d’autres artistes ?
Mais je ne cesse de rentrer et de sortir du Maroc. Je passe plusieurs mois par an à Asilah, où j’ai une maison.
Vous êtes le compagnon de Mazarine Pingeot, fille de François Mitterrand. C’est une relation qui est difficile à vivre ?
Non. Probablement que le fait d’être arrivé à l’âge de 18 ans en France me permet de garder une certaine distance par rapport à l’histoire. Le reste relève de notre vie privée.
Vous écrivez “Ulad Mohand” au lieu de “Oulad Mohand”. C’est pour faire plus gaouri ?
Non. Ce n’est même pas moi qui ai choisi de l’orthographier ainsi. J’imagine que le fonctionnaire de l’état civil qui a enregistré mon nom de famille l’a fait à l’espagnole, pour la simple raison que le nord du Maroc est plus hispanophone (du fait du protectorat espagnol) que francophone. Le “U” en espagnol se prononce “Ou”.
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