Trip'Tic

Héros de la 25ème heure

Salim Cheikh est enfin sorti du bois. Aujourd’hui, le directeur de 2M balance tout au sujet de cette fameuse réunion du 29 mars où il a découvert, stupéfait, le cahier des charges “imposé par le ministère de la Communication”. Il dénonce l’ingérence du gouvernement dans sa grille de programmes. Ok, il est dans son rôle. Seulement, pourquoi a-t-il attendu trois semaines avant de prendre position ? Pourquoi a-t-il cautionné, dans un premier temps, la démarche de son ministre de tutelle ? “J’ai été activement et positivement présent aussi bien aux discussions sur le cahier des charges qu’à sa présentation devant la presse”, avait-il déclaré dans un entretien paru le 3 avril. C’était bien avant que la polémique sur ces “cahiers à charge” ne prenne de l’ampleur, que des politiciens et éditorialistes ne montent au créneau pour tirer la sonnette d’alarme sur l’hégémonie du halal et de la culture propre sur nos fréquences hertziennes. La sortie de Cheikh, aujourd’hui, n’a rien d’un acte courageux. Elle semble même contre-productive avec ce discours qui manque de spontanéité : “2M, c’est 750 salariés, c’est 23 ans d’histoire. C’est une cause bien plus grande que ma personne ou mon poste”, formule qu’il répète en boucle, la main sur le cœur. En jargon télé, sa sortie médiatique arrive en léger différé. Tout ce qu’elle suscite est l’irrésistible envie de zapper le sujet !

On se fait un café ?

Ca craint ! Pire qu’un défaut de paiement, qu’une grève des transports, que la perte de notre triple B… Là, on risque gros. “L’association des propriétaires de cafés, de crémeries et de salons de thé de Casablanca” brandit la menace de grève. Ce n’est pas du pipeau : Ils sont solidaires avec leurs collègues qui servent de la chicha, objets ces derniers temps de descentes policières jugées arbitraires. Le sécuritaire zélé qui a lancé cette hamla anti-pipe à eau ne se rend pas compte de l’effet dévastateur d’une telle grève sur l’activité économique. Voici un aperçu du bordel où on risque de se retrouver si tous les mahlabas et kehawi du royaume se mettent en arrêt de travail :

– Les coursiers souffriraient de carence de glucose dûe à la non-ingurgitation de leur mehrach du matin. Aucun pli n’arrivera à destination. Dans une économie où la signature électronique n’est pas encore reconnue légalement, Gmail ne pourra rien pour vous…

– Nos fonctionnaires, privés de leur café noir ou noss noss -payé en nature ou en numéraire-, vous feront passer un sale quart d’heure pour la moindre légalisation de signature. Vous-même, en manque de caféine, risquerez de passer de l’autre côté de la barrière pour rendre le service minimum de taper sur du fonctionnaire. Pendant ce temps, le merda en faction, censé faire respecter l’ordre, est plongé dans un sommeil profond, en train de rêver d’un panaché.

– Tous les semsara et autres gérants de sociétés personnelles, domiciliées fiscalement chez une fiduciaire mais dont le siège social est sis au café du derb ne trouveront plus où bosser : plus de vente de voitures, plus de transactions immobilières, plus de négociations de pots-de-vin… C’est tout le business informel qui sera paralysé. Notre économie risque la crise cardiaque !

Notre clasico

Olé, olé… C’est week-end du clasico ! Du grand spectacle en perspective : le duel Barça – Real, le face-à-face Messi – Ronaldo, le one-to-one Guardiola – Mourinho… Waou ! La planète football s’arrêtera de tourner -à 18h tapante ce samedi 21 avril- pour suivre un nouvel épisode de la guerre des étoiles : les galactiques du club royal de Madrid contre les petits hommes blaugrana de la Catalogne. Ça  sera diffusé sur Al Jazeera sport :

aucun risque donc de rater un débordement de Leo juste parce que “Khalfi channel” interrompt les programmes pour diffuser un appel à la prière. Les sensations procurées par ce choc des titans ont de quoi inciter Sergio Leone et Clint Eastwood à réviser leurs classiques : “Le monde est divisé en deux catégories, ceux qui aiment le Barça et ceux qui s’accrochent au Real. Toi tu t’accroches…”. En ce jour béni des dieux du stade, il y aura des bons, des brutes et des truands. Les bons, les plus chanceux, seront au Camp Nou, en pèlerinage au temple de la religion du 21ème siècle. Les brutes, dénuées de tout fair-play, seront un peu partout dans les bars et cafés, prêtes à provoquer une rixe au moindre tir non cadré. Les truands, enfin, ne risquent pas de décamper de la frimija du complexe Mohammed V, repère des sauvageons supporters du Wydad, juste bons à casser tout ce qui bouge et à provoquer mort d’homme à coups de jets de pierre…

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