Smyet bak ?
Mohamed ben Ahmed.
Smyet mok ?
Tata bent Mama (rires).
Nimirou d’la carte?
D241022.
Les journées du patrimoine cartonnent toujours ?
Oui. L’édition de cette année est une réussite. Durant les trois jours de cette opération, pas moins de 12 000 personnes et 2700 écoliers ont visité les édifices. Par ailleurs, les sept conférences que nous avons organisées ont eu beaucoup de succès.
Vous avez repris la direction de Casamémoire, une association dédiée à la réhabilitation de Dar Beida. Y avait-il péril en la demeure ?
Pas du tout. Je compte poursuivre le travail entamé par mes prédécesseurs, qui ont œuvré à donner une dimension internationale à l’association, notamment en tissant des relations avec des organismes comme l’Unesco. Et, bien sûr, je veux continuer à promouvoir l’importance de l’architecture à Casablanca.
Pourtant, avec le nombre d’édifices détruits ces derniers temps, on pourrait penser que Casamémoire est devenue un simple faire-part…
Il est vrai que les moyens déployés par l’association pour protéger ces édifices n’ont pas suffi. C’est le cas de l’immeuble Piot-Templier, dont la démolition a été ordonnée alors même que le bâtiment était scellé et protégé. Il y a malheureusement des passe-droits et des dysfonctionnements au sein de la justice. C’est une décision contre la ville et le patrimoine, qui dénote d’un manque de civisme, voire de patriotisme.
Et vous ne pouviez vraiment rien faire?
On s’était constitués en bouclier humain, mais on ne peut pas arrêter les machines qui étaient là sur décision de la justice. Néanmoins, grâce à notre action, il y a une prise de conscience des Casablancais de l’importance du patrimoine de leur ville. Nous avons obtenu que 350 bâtiments soient classés et notre ambition est que la ville soit répertoriée patrimoine universel de l’Unesco.
Pourquoi le patrimoine de Casablanca fait-il référence, pour beaucoup, à l’architecture européenne du centre-ville ?
Casablanca a été un laboratoire d’expériences architecturales durant le protectorat, ce qui a donné naissance à de très beaux immeubles. Avec le temps, ces constructions du centre-ville sont devenues des squats dans la mesure où les loyers ne dépassent pas dans certains cas 100 DH. La majorité des propriétaires de ces édifices ont donc fini par s’en désintéresser. Il faudrait que l’État injecte de l’argent via des exemptions fiscales, pour encourager les gens à rénover.
Faites-vous partie de ceux qui vouent un culte au Maréchal Lyautey ?
Il ne s’agit pas d’un culte mais d’une admiration, une gratitude. Lyautey a beaucoup aimé le Maroc et l’a montré, peut-être plus que les Marocains ne le font aujourd’hui. En créant le Casablanca moderne, il a permis d’ouvrir la ville et le pays sur le monde.
Vous avez remporté plusieurs concours d’architecture. On dit même de vous que vous êtes un prédateur…
(Rires) Comme dans toutes les corporations de métier, il y a des jalousies. C’est humain. En fait, les choses sont simples : j’ai une équipe assez rodée pour pouvoir répondre à plusieurs concours en même temps. Si le cabinet marche, on le doit à notre travail et à notre capacité d’innovation. Est-ce que quelqu’un reprocherait à Aouita ou à El Guerrouj de gagner 5 médailles ?
Ainsi, comme les sportifs de haut niveau, vous êtes animé par un esprit de compétition. Vous ambitionnez d’entrer dans la postérité ?
Ce qui se décide aujourd’hui n’aura de valeur que demain. En architecture, le recul historique est nécessaire pour juger de l’efficacité et de la pérennité d’un travail. Pendant des décennies, au Maroc, nous avons omis de construire pour des raisons sécuritaires. A présent, on va de l’avant et il faut profiter de cette synergie.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
En plus de la Bibliothèque nationale de Rabat, c’est sans doute le grand théâtre CasArt de Casablanca. Surtout que j’avais mal vécu la destruction du théâtre municipal qui, avec le café La Comédie, participait à la légende du centre-ville et a vu défiler toutes les stars de l’époque. Mais ces démolitions étaient dictées par des questions de sécurité, au moment où les rassemblements n’étaient pas permis.
Quand vous étiez étudiant, vous étiez communiste. Êtes-vous toujours attaché à vos convictions ?
Absolument. Je suis encore membre des instances politiques du PPS et je continue à croire en une société démocratique et solidaire.
Récapitulons : vous êtes communiste, monarchiste et votre parti est allié à un parti islamiste au gouvernement. N’est-ce pas contradictoire ?
Non. Je suis un communiste monarchiste convaincu : le Maroc a une approche sociale dans son programme politique et le roi est sans conteste la locomotive de la démocratie. Quant à l’alliance avec les islamistes, si elle permet de faire avancer les choses, tant mieux. D’autant que les convictions religieuses sont comme les empreintes digitales : aucun musulman ne ressemble à un autre.
Vous êtes toujours ami avec Nabil Benabdellah ?
Bien sûr ! Notre amitié date du début des années 1980, quand nous étions étudiants à Paris. Nous avons fait les 400 coups ensemble, comme tous les jeunes du monde, et j’en garde d’excellents souvenirs.
Y a-t-il une anecdote qui vous a marqué en particulier ?
Une fois, alors qu’on célébrait le carnaval à la maison du Brésil à Paris, une bagarre a éclaté pour une histoire de filles. Avec un groupe de copains marocains, on s’était bien défendus. Mais Nabil a perdu sa montre dans la “mêlée” et tenait absolument à la récupérer. Il a fallu “batailler” pour l’en dissuader et éviter une ratonnade.
Issu d’un milieu bourgeois, vous avez tout fait pour être perçu comme un ould chaâb. Pourquoi ?
Je suis né à Mers Sultan. Quand j’étais gamin, j’avais des potes aux origines très modestes. J’avais donc honte de ma condition sociale. Je ne disais jamais que mes parents avaient une voiture ou que j’habitais dans une maison avec piscine… Et grâce à eux, j’ai pu découvrir le vrai visage de la ville, le Casablanca “dial oulad lblad”.
Une année après le lancement du plan de réhabilitation de l’ancienne médina, quel bilan tirez-vous ?
Le fait que le roi s’intéresse à l’ancienne médina est un signe envoyé à toute la ville. Des sommes colossales ont été investies dans les travaux d’assainissement et de voirie. Mais la solution pour résorber la population de la médina repose aussi sur le foncier des casernes de la Marine Royale et des FAR, qui se trouvent à l’extérieur de la vieille ville.
Antécédents :
|
|
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer