Traitement royal
Mohammed VI et Abdelilah Benkirane semblent s’entendre à merveille. Le Chef du gouvernement, visiblement aux anges, ne cesse de raconter les détails de ses entretiens téléphoniques avec le chef de l’Etat. Et ce qu’il laisse filtrer est plutôt rassurant. On apprend ainsi que le roi a envoyé balader Akhannouch, qui voulait court-circuiter le gouvernement dans le processus de nomination aux postes placés sous sa tutelle. Que le Chef du gouvernement a intercédé auprès de Mohammed VI pour une grâce au profit du gouverneur de Sidi Bennour mais que le roi s’est montré intraitable au sujet de ce responsable qui avait traité un ministre de “chien errant”. Mohammed VI serait même allé jusqu’à défendre l’équipe Benkirane, lors de son entrevue avec Martine Aubry, en insistant sur le fait que “ce n’est pas un gouvernement extrémiste comme le présentent certains médias français”. Bref, Benkirane devient de plus en plus proche de Mohammed VI. Et si ça continue comme ça, il nous confiera bientôt qu’il est passé à l’improviste au bureau du roi, prendre le café, faire le point sur deux ou trois petits dossiers… Même El Himma n’aurait jamais eu ce privilège.
Al Bachiq vous salue bien
Vous vous rappelez d’Al Bachiq ? Si, si, faites un effort… Le gros colosse 2 m3, crâne rasé, nuque imposante, natte élancée… Là, vous le remettez ? Ce héros cathodique qui s’invitait chez vous tous les soirs de ramadan à l’aube des années 2000. Ok, on lâche l’affaire. Personne ne peut vous reprocher d’avoir complètement effacé de votre mémoire ces productions syriennes débiles, qui faisaient genre série historique alors que tout le divertissement consistait à voir Al Bachiq (que Dieu le garde en bonne santé) jouer de son épée capable de vous émasculer un moustique d’un seul coup, et les yeux fermés. En 2012, en termes de productions made in Syrie, vous êtes plutôt branché docu et news télévisuels montrant ce fameux Bachar en train de massacrer son peuple à coups d’obus en écoutant sur son iPad un tube de Claude François acheté sur iTunes. Et ce n’est pas un divertissement, c’est une triste réalité à laquelle on assiste impuissant tous les jours, affalé sur son sofa devant un écran plat. Alors soulevons-nous et passons à l’acte. Révoltons-nous ne serait-ce que par l’art, la fiction, le cinéma. Soumettons à cette nouvelle commission du fonds d’aide qui vient d’être nommée au Centre cinématographique marocain d’accorder une subvention à ce scénario. C’est un court, très court métrage. Le pitch tient en une phrase : Al Bachiq qui poursuit Bachar de Damas à Ouarzazate pour lui défoncer la gueule, pour yekhli dar bouh, comme on dit chez nous. Il y a même moyen de cofinancer cette production. Cette semaine au Bulletin Officiel du royaume, on vient de publier une convention signée en octobre 2001 (du temps où Al Bachiq était toujours à la mode) entre le Maroc et la Syrie visant à encourager la coopération cinématographique. Si le secrétaire général du gouvernement s’est subitement rappelé de l’existence de cette convention -et lui a même réservé de l’espace dans le BO- c’est qu’il veut que nos cinéastes engagés se mettent à parler syrien.
Buzz politique
“Nous sommes toutes des Amina”, “La loi m’a tuer”, “A bas l’article 475”… Des slogans, de l’indignation, de la révolte. Et du buzz… Beaucoup de buzz. L’affaire Amina Filali (rappelons pour ceux qui étaient en déplacement sur la planète Mars que c’est la jeune mineure qui a mis fin à ses jours après avoir été contrainte d’épouser son violeur) a plus mobilisé les internautes que la rue. Lors de la manifestation organisée devant le parlement le 17 mars, à peine 300 personnes ont fait le déplacement pour appeler à l’abrogation de cet article absurde d’un Code pénal marocain qui mérite un sérieux lifting vu toutes les anomalies qui se posent dans son application. Mais ce n’est pas grave si seuls les “zaïmes” des associations féministes battaient le pavé devant l’hémicycle. La génération Y se sent plus à l’aise derrière son écran d’ordinateur que devant un cordon sécuritaire de CMI. Ces facebookers, followers et autres bloggers se lâchent, débattent en toute liberté et lancent des pétitions qui inondent la galaxie www. Nos politiques ont-ils pris toute la mesure de cette mobilisation virale ? Pourquoi ne prennent-ils pas le relais en élaborant un projet de réforme du Code pénal, en bonne et due forme, et le présentent devant l’instance législative ? Le groupe parlementaire qui ferait cela pourrait -en deux clics, trois mouvements et un projet de loi- séduire une base électorale déçue par l’immobilisme des élus. Bordel, c’est ça la politique utile.
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