Lettre ouverte au M20
Joyeux anniversaire, amis du M20 ! Mais on n’espère pas vous voir, toujours en sit-in, en 2032. C’est de mauvais augure pour ce pays. Rassurez-vous, les choses auront changé bien avant. Et on vous sera toujours redevables d’y avoir contribué. Vous avez réalisé en 12 mois ce que notre classe politique n’a pu accomplir en 12 ans, pour ne parler que de la nouvelle ère. Alors n’ayez pas honte de tirer votre révérence sur un si glorieux bilan, si cela s’imposait. N’ayez pas peur d’une mort subite, on dira toujours : le M20 est mort, vive Cha3b ! Car votre principale réalisation, c’est d’avoir semé une graine démocratique dans l’âme de tout Marocain. Chez votre voisin de palier, votre boucher, votre femme de ménage, votre copain fils de PDG et même chez le CMI qui vous a chargés ! A part ce dernier, les autres ne sont pas venus célébrer votre première “birthday party”. Vous avez pourtant choisi place Nafoura, lieu incontournable du lumpenprolétariat bidaoui que vous avez dragué de Znata à Hay Hassani durant toute l’année. Il n’a pas fait le déplacement comme il le ferait un jour de l’Aïd, sapé comme pour un casting de micro-trottoir de 2M. Ce jour-là, pour souffler votre première bougie, vous étiez moins nombreux que les pigeons de la Nafoura. Ce n’est pas grave, c’est bien connu, les minorités agissantes entraînent avec elles la masse…sur le long terme.
La com selon Benkirane
Ça y est, il est devenu un homme d’Etat, notre Benky national. Fini les sympathiques interviews en darija sur Al Aoula. Révolues les sorties médiatiques folkloriques des premiers jours. Désormais, le Chef du gouvernement est en mode silencieux. Plus aucune déclaration à la presse si ce n’est cette interview exclusive accordée au Matin du Sahara. Un cas d’école en matière de langue de bois. Au sujet de l’emploi, Benky nous sort cette perle : “C’est une question qui nous occupe à chaque moment de la journée et à chaque jour” (sic). Waw ! On aurait pourtant parié que le Chef du gouvernement pensait à autre chose les jeudis à 12h47 et samedis à 17h21… Sur le manque de représentation féminine dans son équipe, il la joue fkih modéré : “Je n’ai jamais été contre (…). Déjà au temps de notre prophète…”. Et bien sûr, il ne pouvait finir cet entretien sans sortir un grand classique, le coup du responsable dévoué : “Si je dois perdre les élections, tant pis(…), mais j’aurais fait tout ce dont je suis capable pour que la machine de l’Etat aille dans la bonne direction avec le rythme qu’il faut”. Seulement voilà, Benkirane peut ne jamais trouver le bon rythme ou se tremper de direction ; la machine de l’Etat peut rester grippée ; et malgré tout cela… gagner les élections. Car en accédant au pouvoir, il bénéficie par défaut d’une prime de visibilité et des dividendes politiques qui vont avec. Il lui suffit d’entretenir cette visibilité en se fendant dans le moule makhzénien. Il doit juste se contenter de figurer à l’arrière-plan des activités royales, ne pas trop faire de vagues et défendre son bilan sur les médias officiels.
Le nouveau zaïm
Applaudissez le nouvel entrant dans le très select club des patrons de partis politiques : Mustapha Bakkoury… himself. Ce week-end, il a été parachuté au poste de secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM). Un peu comme ces météorites qui tombent ces jours-ci de notre “béni ciel du Royaume qui continue à offrir notre hospitalité légendaire à visiteurs astrals à côté de terriens d’outre-mer…”. Précision : cet extrait d’article tiré d’un quotidien nationaliste (avec ses coquilles, ça arrive) n’a rien à voir avec le sujet de Mustapha Bakkoury. Lui n’est pas venu de la planète Mars, mais plutôt de l’Agence solaire, cette superstructure qui va tapisser le Maroc de plaques photovoltaïques pour 70 milliards de DH. Il y est toujours, mais il doit en plus piloter le PAM. Un cadeau du ciel ? Pas sûr. Le PAM est un engin politique non identifié : aperçu pour la première fois en 2008, il est arrivé 4ème aux dernières élections anticipées (47 sièges). Bakkoury doit donc puiser dans ses réserves pour maîtriser cette machine hybride, alliant des anciens de l’extrême gauche à des notables venus de différentes familles politiques. Mais dans sa nouvelle mission, Bakkoury peut visiblement compter sur l’aide de l’ingénieur en chef du projet PAM. Il a déjà eu droit à une première propulsion : un message de félicitations royales qui loue des qualités…galactiques.
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