Le directeur d’un journal est incarcéré pour avoir publié une photo érotique. Il est poursuivi en vertu d’un article issu du Code pénal de l’ère Ben Ali, pourtant abrogé depuis la révolution.
Le 15 février, le quotidien arabophone Attounissiya a publié en Une la photo de Sami Khedira, footballeur germano-tunisien du Real Madrid, aux côtés de sa compagne, le mannequin Lena Gercke, qui pose nue. Son sexe est hors cadre, et ses seins sont cachés par la main de Khedira, mais le tout reste clairement érotique. Dans une Tunisie en plein débat sur la liberté d’expression et les valeurs morales et religieuses, le cliché n’a pas manqué de choquer. Les exemplaires du journal qui se trouvaient toujours en kiosque ont été saisis dans la journée, tandis que le directeur du quotidien, son rédacteur en chef et un journaliste de la rédaction ont été arrêtés. Ces deux derniers ont été relâchés, mais à l’heure où ces lignes sont écrites, le directeur général, Nasreddine Ben Saïda se trouvait toujours derrière les barreaux. Une première depuis la révolution ! Il devait comparaître le 23 février pour “atteinte aux bonnes mœurs portant des risques de troubles à l’ordre public”, en vertu d’un article du Code pénal, pourtant abrogé par le nouveau Code de la presse, tout juste entré en vigueur. Il risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Dans un communiqué commun, les syndicats et les associations de la presse tunisienne ont demandé la libération immédiate de Nasreddine Ben Saïda.
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