Crise. L’Europe va mal, mal

Les grands de ce monde se sont retrouvés au sommet du G20 la semaine dernière à Cannes (France). Au cœur du débat : la crise de la zone euro, la plus grave depuis sa création. Peu de solutions et beaucoup d’incertitudes.

Dans la zone euro, rien ne va plus. Les investisseurs ont de moins en moins confiance dans les économies européennes. L’Union Européenne vit la plus grave crise de son histoire, et les nombreuses mesures annoncées par le Conseil de l’Europe pour sauver la zone euro ne semblent pas convaincre les marchés. Après l’annonce faite jeudi 24 octobre des décisions de l’Union Européenne – annulation de 50% de la dette grecque, recapitalisation des banques et augmentation de la force de frappe du Fonds européen de stabilité financière (FESF)-, les principales places boursières sont repassées dans le vert, preuve d’une satisfaction des investisseurs. Seulement, l’euphorie n’a pas duré, et de vives inquiétudes pèsent désormais sur l’avenir de l’Europe.

Sauvetage raté
Depuis le début de la crise de la dette en 2010, Paris et Berlin ne ménagent pas leurs efforts pour sauver les économies européennes de la faillite. Rebaptisé le “sommet de la dernière chance” par la plupart des financiers et politiques européens, le dernier Conseil européen a accouché de mesures qui se chiffrent en centaines de milliards d’euros. Il a été décidé que la dette grecque sera réduite de 100 milliards d’euros sur un total de 350 milliards. En contrepartie, une aide estimée à 106 milliards d’euros par l’autorité bancaire européenne sera débloquée pour soutenir les banques créancières de la Grèce. Enfin, les moyens du FESF seront portés à 1000 milliards d’euros contre 440 milliards aujourd’hui. Ces mesures “dont tous les responsables européens se réjouissent, ne sont hélas, qu’un bandage de campagne sur une hémorragie qui, sans traitement radical, risque bien de tuer l’euro”, estime Jacques Delpla, membre du Conseil d’analyse économique.
Les insuffisances des mesures européennes n’ont pas tardé à éclater au grand jour. Les Bourses européennes sont repassées dans le rouge en début de semaine. “Les mesures annoncées n’ont pas convaincu les investisseurs parce qu’elles restent non seulement insuffisantes mais imprécises. On ne sait toujours pas comment le FESF va fonctionner”, nous explique l’économiste René Defossez.
MF Global, très important courtier de Wall Street, a déposé le bilan la semaine dernière. L’entreprise était exposée à la dette publique européenne pour plus de 6 milliards de dollars. La nouvelle a fait replonger les marchés. Autre coup de théâtre : l’annonce faite par le Premier ministre grec, Georges Papandréou, de soumettre à référendum le plan de sauvetage européen. Puis l’annonce de son annulation. Les dirigeants de l’UE pensaient avoir évité le pire mais, malheureusement, les marchés n’ont plus confiance et la Grèce pourrait donc être en défaut de paiement et entraîner avec elle d’autres pays, notamment l’Italie, placée sous surveillance par le FMI. “Un effort énorme est consenti par les dirigeants pour maintenir l’intégrite de la zone euro. Mais entre la volonté politique et les moyens que l’on se donne, il y a un fossé important”, estime René Defossez.

Les pays émergents à la rescousse
Les emprunteurs d’hier seront les créanciers de demain. Il ne fait nul doute que l’aide des pays émergents est indispensable pour la zone euro. “L’enjeu fondamental est que l’on comprenne bien que tout le monde est dans le même bateau : les pays développés sont en crise et les pays émergents dépendent de la manière dont cette crise sera résolue”, a expliqué, sur Europe 1, Henri Guaino, conseiller du président français. Mais ceux qui souhaitaient que le FESF soit ouvert à la participation des économies émergentes, avec à leur tête la Chine, ont été déçus par la position des “BRICS” (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) lors du G20. Les dirigeants de ces pays ont bien fait savoir qu’ils ne financeront pas le FESF et que, si aide il y a, elle se fera via le FMI. La Chine pourrait très vite devenir le banquier de la zone euro. Le pays détient une réserve de dollars importante (3000 milliards) et a tout intérêt à diversifier ses devises en achetant de la dette européenne. Les Etats-Unis, quant à eux, ne comptent apporter aucune aide à la zone euro : le président Barack Obama a estimé lors du G20 que les pays de la zone pouvaient gérer la crise tout seuls. Pas sûr que la confiance d’Obama soit partagée par les investisseurs.

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