Apre. C’est le mot qui reste à l’esprit en sortant de la projection de Sur la planche, le premier long-métrage de fiction de Leïla Kilani. Apre comme Tanger, filmé non pas comme une ville lumineuse et maritime, mais comme un port sombre, nocturne, une cité aiguisée où des jeunes filles viennent s’échouer et s’écorcher. Apre aussi comme l’actrice principale Soufia Issami, castée dans la rue par Leïla Kilani et qui est d’une vérité brute. Dans le rôle de Badia, ouvrière dans une usine de crevettes, elle est d’un seul bloc, rugueuse, et débite à la vitesse d’une mitraillette ses rêves d’un avenir meilleur dans une darija rocailleuse. Badia est prête à tout pour s’en sortir, devenir chapardeuse, un peu prostituée, n’importe quoi pour ne plus décortiquer des crustacés à la chaîne et se débarrasser de l’odeur de poisson qui vous pénètre jusqu’aux os. Dès la scène d’ouverture, tout est dit, il n’y aura pas de happy end pour Badia. Aucune planche de salut.
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