Climat. Chaud devant !

Climat. La vague de froid que connaît le royaume depuis des semaines fait les beaux jours de plusieurs commerces. Tour d’horizons des business qui fleurissent en cette saison.

Le sujet alimente les discussions et une phrase revient tel un refrain : “Il fait très froid cette année”. Depuis des semaines, le mercure affiche des températures très basses, particulièrement le week-end dernier. Samedi 4 février, il faisait 5 degrés pour la première fois à Rabat. Un petit record. “On reste sur des températures hivernales coutumières même si le froid est particulièrement agressif cette année, explique le responsable de la communication à la Direction de la météorologie nationale, Mohamed Belaouchi. Le pays est envahi par une masse d’air continental venant d’Europe qui perd son humidité en cours de route et devient plus froide”. Résultat : ça caille chez nous, donc tout le monde veut se mettre au chaud. Pendant ce temps-là, certains se frottent les mains, mais pas pour les réchauffer ! Pour certains commerces, les bonnes affaires commencent avec les basses températures. Et chaque vague de froid apporte un nouveau lot de clients qui cherchent à se réchauffer à tout prix.

 

Du business dans l’air

Pour les professionnels de l’électroménager, c’est la haute saison pour les appareils de chauffage. “Il y a une demande très importante et nous connaissons une croissance à deux chiffres”, assure Mustapha Boudadi, directeur marketing chez Whirpool. Vérification faite, un petit tour chez les distributeurs atteste les propos du bonhomme. Grandes surfaces, distributeurs spécialisés ou même revendeurs non structurés – à l’image de Garage Allal à Casablanca – connaissent un véritable rush et les chauffages se vendent comme des petits pains. “L’affluence a commencé dès novembre et s’est accélérée ces dernières semaines. Chaque week-end, on travaille d’arrache-pied car le rayon des appareils de chauffage ne désemplit pas”, indique le chef du rayon électroménager dans une grande surface de distribution. Et, en cette période hivernale, le champion du rayon est sans conteste le radiateur à bain d’huile. “Il reste le premier choix du consommateur. Certainement grâce à son prix abordable, mais aussi parce qu’il ne nécessite ni installation particulière ni entretien et peut être transporté facilement. De plus, les clients se méfient des chauffages à gaz vu le risque encouru”, explique notre interlocuteur.

Certaines surfaces de distribution en ont fait un produit d’appel avec un prix alléchant : à partir de 499 dirhams. Merci le made in China ? “Les produits chinois ont certes la cote parce qu’ils sont moins chers, mais pour avoir un appareil de qualité, il faut payer plus cher”, explique notre professionnel. En tout cas, le succès est au rendez-vous et semble faire de l’ombre aux climatiseurs. “Le froid n’est pas tellement la saison des climatiseurs qui se vendent mieux en été, estime le responsable marketing de Whirpool. Peut-être parce que les consommateurs n’ont pas encore intégré que ces appareils sont dotés d’une double option chaud et froid. Mais c’est sûr que, vu le prix, le chauffage à bain d’huile reste grand public”. Pourtant, le climatiseur s’est beaucoup démocratisé ces dernières années et son prix est descendu en dessous de la barre des 2500 dirhams. Mais chacun a ses moyens et… son trip. Au-delà du froid, les plus aisés ont d’autres préoccupations !

 

Jamais sans ma cheminée

Pour les nantis, le froid a aussi son charme. Une soirée hivernale devant un feu de cheminée, le plaisir des yeux procuré par les flammes n’a pas de prix… ou plutôt si ! Pour se payer ce luxe, de plus en plus de personnes font appel à des spécialistes pour installer des cheminées intérieures. Un business qui a le vent en poupe. “Cela fait 6 ans que nous sommes installés au Maroc. Mais cette année, les ventes sont exceptionnelles. D’habitude, on écoule quelques dizaines de cheminées par an. Cette saison les ventes ont dépassé la centaine et la demande est encore forte”, indique Eric Picot, gérant de Nabrio. Selon ce spécialiste des cheminées au bioéthanol (qui utilise des combustibles à base de végétaux), le marché a de beaux jours devant lui. Dans les villas et appartements de haut standing, les cheminées sont devenues un argument de vente et les promoteurs immobiliers les incluent systématiquement.

Reste alors au client de les personnaliser. Contemporain ou traditionnel, du plus rustique aux designs les plus poussés, il y en a pour tous les styles. “Les cheminées sont faites sur mesure. On comprend que chacun veuille personnaliser sa cheminée, donc on s’y adapte. Nous avons des décorateurs qui ajoutent leur sauce pour se conformer à chaque commande”, explique Eric Picot. Le prix ? “Cela commence à partir de 4000 dirhams et peut aller jusqu’à 60 000, voire plus. En fait, le prix de la cheminée reste raisonnable, ce sont les objets décoratifs qui gonflent la facture”, poursuit le patron de Nabrio. Petite précision : le budget doit inclure aussi le coût d’utilisation. La cheminée au bioéthanol, aussi séduisante soit-elle, revient un peu plus cher. Une heure au coin du feu nécessitera quelque 0,5 litre de combustible, sachant que, selon la qualité, le litre bioéthanol coûte entre 20 et 50 dirhams. Le bois, lui, coûte près de 120 dirhams le quintal pour une durée beaucoup plus longue. A vous de choisir ! Cela dit, pour les petites bourses, il y a toujours la solution du brasero. A utiliser avec précaution ceci dit.  

 

Mode d’emploi. Petites mesures de sécu’

Que ce soit le chauffage ou la cheminée, les risques ne manquent pas. Certains appareils de chauffage à bas prix ne respectent pas les normes de sécurité et de qualité. Ils peuvent créer des nuisances sonores et causer des défaillances liées au circuit électrique. Les cheminées ne sont pas en reste. Ces dernières années, une grande polémique a été déclenchée en Europe concernant les cheminées au bioéthanol. En cause, sa combustion dégage du dioxyde de carbone et de l’eau. Mais, en cas de combustion incomplète, les dégâts sont mortels : augmentation de l’humidité dans la maison, hausse du taux de CO2 et, plus grave, production de monoxyde de carbone.“Il faut savoir manipuler l’éthanol qui est un liquide très inflammable, le stocker en petites quantités dans un endroit sec et ventilé. De plus, lors du rechargement du foyer en combustible, il est nécessaire d’attendre qu’il soit totalement refroidi pour éviter tout risque de retour de flamme”, conseille Eric Picot. Tout est dans le mode d’emploi !

 

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer