En situation exceptionnelle depuis 44 ans, la banque princière UMB s’apprête à passer sous le giron du mastodonte qatari de la finance QNB. Retour sur l’histoire rocambolesque d’une banque à part.
A lors que les rumeurs parlaient d’une éventuelle entrée de la banque qatarie QNB dans le capital d’Attijariwafa bank, le mastodonte financier du Golfe prend le marché de court en annonçant sa volonté de racheter l’Union Marocaine de Banques, un petit poucet du secteur, méconnu du grand public, mais non moins royal. En veilleuse depuis 1967, cet établissement un peu particulier dispose à peine de six agences et d’un capital de 3,5 MDH, très loin des règles de la profession qui exigent un capital minimum de 200 MDH ! Un état d’exception qui, pour une banque ordinaire, vaudrait automatiquement la liquidation. Mais l’UMB est tout sauf une banque ordinaire, car comptant dans son tour de table des actionnaires de sang royal : “L’UMB était détenue à la base par les princes Moulay Abdellah et Moulay Ali, à côté d’autres personnalités influentes suisses et américaines. Depuis le décès des deux princes, le tour de table s’est éclaté entre leurs héritiers, totalement désintéressés par l’affaire”, confie un vieux routier du secteur. Mise sous tutelle de la BMCE, alors banque publique, l’UMB passe sous autorité d’un commis de l’Etat quand Othman Benjelloun la lâche en 2007. “Tant que les salariés sont payés, pourquoi la liquider !”, rétorquait le défunt Hassan II à chaque fois que le sujet UMB était mis sur la table par les financiers du Palais. En la cédant aujourd’hui à QNB, les autorités monétaires font ainsi d’une pierre deux coups : elles ouvrent aux nouveaux amis du royaume chérifien une porte sur le marché bancaire, et mettent surtout fin à une aberration qui n’a que trop duré.
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