A quoi est due la déculottée de la gauche tunisienne et des partis “progressistes” durant ces premières élections libres de Tunisie ? La phrase prononcée par Maya Jribi est lourde de sens : “La Tunisie est le seul pays au monde où la gauche est bourgeoise et la droite prolétaire”. Que cette phrase sorte de la bouche d’une dirigeante d’un des partis les plus en vue en Tunisie (le PDP) est symptomatique de l’incompréhension et de la profondeur du fossé séparant les partis et les élites dits “de gauche”, et le peuple. Mais c’est aussi révélateur de la confusion dans la tête de nos dirigeants entre les concepts de gauche et de droite. En Occident, l’histoire a fait que ce sont les prolétaires, ouvriers, paysans qui sont venus remplir les rang des partis communistes, anarchistes, socialistes pour une raison simple : la religion était du côté de l’ancien régime. En revanche, chez nous, la religion, l’attachement aux traditions, le conservatisme, étaient du côté de l’opposition au régime. N’ignorant pas ces B-A-BA historiques, comment les dirigeants de la gauche progressiste, en faisant une campagne quasi-uniquement basée sur les attaques contre le parti Ennahda, historiquement opprimé pour cause de religion, pouvaient-ils penser un seul instant qu’ils feraient mouche auprès d’un électorat populaire attaché à la religion ?
Nawaat.org, le 1er novembre
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