La bataille électorale se joue aussi sur Facebook, Twitter, Youtube et les Web TV. Tour d’horizon de la campagne virtuelle des partis.
Scrutin du 25 novembre oblige, nos hommes politiques se mettent à la page et investissent les réseaux sociaux. Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, a succombé à Facebook en créant sa page officielle. Sur son compte, l’ancien ministre de la Communication suit de très près la campagne de son parti et tient informés ses nouveaux “amis FB” de la moindre activité de ses camarades PPS. Son parti a également relooké son site Web à l’occasion, mais s’est aussi doté d’un compte Twitter qui ne lâche pas d’une semelle ses followers : il vous souhaite même “bon appétit” au moment de passer à table !
Ahmed Réda Chami, ministre et candidat USFP, lui, n’est pas un novice des réseaux sociaux. Mais pour sa campagne électorale, qu’il mène à Fès, il s’est payé un site Web dédié. Une approche qui a inspiré son collègue et camarade, Driss Lachgar, pour livrer sa bataille électorale rbatie. Même l’octogénaire Miloud Chaabi s’y met avec le lancement d’un site Internet pour lequel il a choisi le slogan “Koulna Wlad Knitra” (tous des enfants de Kénitra). La liste des figures politiques devenues adeptes du double clic est longue, très longue : l’écrasante majorité des leaders et candidats du PJD, du PAM ou du RNI tiennent désormais des meetings virtuels, via des posts ou des tweets.
Je partage donc j’existe
On l’aura compris, tous les moyens sont bons pour gagner des voix. Et les réseaux sociaux représentent un gisement important d’éventuels électeurs à convaincre. Les chiffres sont là pour le prouver. Selon “Socialbaker.com” qui fournit des statistiques sur l’usage de ces réseaux, le Maroc est classé 36ème pays au monde dans l’utilisation de Facebook avec 4 millions de comptes, ce qui représente plus de 25% des personnes inscrites sur les listes électorales. Les autres indicateurs ne sont pas en reste puisque le Maroc compte près de 12 millions internautes (dont la moitié sont des abonnés) et quelque 20 000 comptes Twitter. Mais quelle utilisation font nos politiques de ces nouveaux vecteurs de com? “Pour ces élections, les candidats ont l’ambition de développer ce qu’on appelle le personal branding, un concept qui tourne autour de l’image de marque personnelle et qui était jusque-là l’apanage des gros managers”, analyse Marouane Harmach, consultant en médias sociaux. Alors, l’image de marque virtuelle, chaque politique la soigne à sa guise. Si le milliardaire Chaabi partage sur son tout nouveau compte Facebook des photos d’activités caritatives de la fondation qui porte son nom, Bassima Hakkaoui, par contre, reste pudique. La tête de liste féminine du PJD et membre de la direction du parti islamiste a fini par activer un compte Facebook, d’où elle mène campagne, mais se fait un point d’honneur de ne publier aucune photo d’elle. Ses compagnons du parti, candidats à Casablanca, promettent la diffusion, en streaming et en live, de tous leurs meetings. Quant à Moncef Belkhayat, atteint à une époque d’une tweetomania aiguë, il “décroche” carrément des réseaux sociaux en cette période de campagne. Dans un dernier tweet, le ministre RNI, qui n’est pas candidat, informe ses “fans” qu’il sera “off line” jusqu’au 25 novembre.
Fièvre numérique
Quasiment toutes les formations politiques ont fait leur révolution numérique à la veille des législatives. Si des partis comme le PAM, le RNI ou encore le PJD ont toujours maintenu une présence continue sur Internet, les autres arrivent en force et inondent la Toile avec une préférence pour les réseaux sociaux, les Web TV et les sites de partage. Certains délaissent même leurs sites institutionnels. Exemple avec l’USFP qui a renforcé sa présence sur les médias sociaux, mais n’a pas jugé utile de mettre à jour son site officiel, où l’on retrouve toujours du contenu datant de 2009. “Les sites Web des partis politiques sont généralement pauvres en contenu et en ergonomie, explique Youssef Chaoui, journaliste et consultant en médias électroniques. Les gens ont plus tendance à interagir via les réseaux sociaux, donc il est plus intéressant de se positionner sur ce module plutôt que de rester accroché à une adresse Web parfois très mal référencée”. Cette mutation se ne passe pas toujours sans couacs. Des erreurs fatales, comme les appelle Marouane Harmach. Par exemple, le Parti de l’Istiqlal a promis une nouvelle vitrine depuis plusieurs jours. Sauf qu’à l’adresse “mizane.ma”, censée être le site Web de campagne par excellence du PI, on retrouve une page vierge avec ce seul message : “Coming soon”… “La stratégie digitale fait partie intégrante d’une stratégie de communication globale que nos partis politiques n’ont pas et ne sont pas près d’avoir. Cela ne s’improvise pas du jour au lendemain”, affirme Harmach.
D’ailleurs, même les réseaux sociaux, qui connaissent une montée en flèche de leurs activité et fréquentation ces dernières semaines, seront moins “encombrés” après le 25 novembre par l’actualité politique. “C’est la tradition : tout ce qui a été créé ces derniers temps tombera dans l’oubli, en attendant les prochaines élections”, regrette Marouane Harmach. En gros, la vie sociale sur le Web.
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