Nous avions sans doute raison d’être inquiets, en décembre dernier, en titrant “Ils veulent tuer la presse indépendante”, à l’occasion du vote de la loi sur l’information à l’Assemblée nationale, au regard des moyens de pression et de chantage dont dispose le pouvoir à l’égard des journaux. Depuis jeudi dernier, cela s’est confirmé pour El Watan, puisque la Caisse nationale d’assurances sociales (CNAS) lui réclame le paiement de plus de 221 millions de dinars [près de 25 millions de DH] au titre de prétendues cotisations sociales des pigistes et autres collaborateurs pour la période de 2005 à 2011 ! Ces pigistes sont déjà affiliés à la CNAS parce qu’employés de la Fonction publique, enseignants ou universitaires et qu’ils ne “pigent” qu’occasionnellement. Il serait ridicule d’envisager que le journal procède à leur affiliation une seconde fois à la CNAS, puisque ceci n’est censé être fait qu’une seule fois. Au cours de son existence, El Watan a fait face aux pires turpitudes du pouvoir, du harcèlement judiciaire à la fermeture temporaire du journal en passant par l’emprisonnement des journalistes et responsables. Il s’apprête à faire face à cette nouvelle épreuve contre un pouvoir autoritaire toujours tenté par la “normalisation politique” et la volonté de domestication de pans entiers de la société.
El Watan (Algérie), le 24 janvier.