Justin Trudeau, le « Kennedy » canadien

Justin Trudeau, nouveau Premier ministre canadien est un homme à part dans le paysage politique nord américain. Jouant de sa jeunesse, tout en affirmant ses ambitions, l’homme ne laisse pas indifférent. Portrait.

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Crédits : AFP - Nicholas Kamm

Le gendre idéal. Voilà ce qui pourrait définir parfaitement Justin Trudeau, le nouveau Premier ministre canadien, après que ce dernier a remporté haut la main, une victoire historique aux élections législatives. Justin Trudeau n’est pas qu’un pion lambda de la politique canadienne, c’est le nouveau jeune et beau visage du pays à la fleur d’érable. Doté d’un parcours peu commun, son âge (43 ans) fait de lui le deuxième premier ministre le plus jeune de l’histoire canadienne.

Encore un « fils de »

La politique nord-américaine aime les dynasties. Les Etats-Unis en sont particulièrement friands, et son voisin canadien semble s’en inspirer. Justin Trudeau, fils du légendaire homme politique Pierre-Elliott Trudeau, n’échappe ainsi pas  à la règle.  Son père fut premier ministre du Canada à deux reprises (de 1968 à 1979 et de 1980 à 1984) et jouit toujours, quinze ans après sa mort, d’une certaine popularité due à son influence internationale, qui a « servi à rehausser la visibilité du Canada, sur la scène mondiale », comme en témoignait Richard Gwyn, journaliste canadien et auteur du livre ‘The Northern Magus: Pierre Trudeau and Canadians’. « C’est le début d’une dynastie, après son célèbre père qui avait créé la ‘Trudeaumania’ autour de son style très moderne et original, dans les années1970 » nous confie un journaliste de La Presse, grand quotidien québécois.

Un destin écrit

Outre son nom, connu dans le paysage politique canadien, Justin Trudeau avait tout d’un destin exceptionnel : combien de jeunes canadiens ont pu, comme lui, rencontrer la reine Élizabeth II, être reçus en audience par le pape ou encore d’assister aux funérailles du dirigeant soviétique Leonid Brejnev ? Lui, a fait tout ça. Dès son plus jeune âge, le fils de Trudeau père a bercé dans la politique, bien malgré lui. Il rattrape aujourd’hui une destinée qui ne pouvait lui échapper.

Une éclosion tardive

Le fils n’était donc pas un total inconnu du grand public. Pourtant son éclosion a été tardive, lui qui jusqu’en 2012 a été boudé par son propre parti, estimant qu’il y avait meilleur que lui. Stéphane Dion, qui lorgna la tête du parti libéral en 2006, et auprès de qui Trudeau avait bataillé corps et âme, finira même par choisir le journaliste Jocelyn Coulon, pour la circonscription d’Outremont, au détriment de Trudeau. Mais l’entêtement du fils de Pierre-Elliot l’emmène quelques années plus tard à l’assemblée canadienne en tant que député. En 2012, il affirme que les positions conservatrices de Stephen Harper (Premier ministre qui vient d’être battu aux élections) sur l’avortement et le mariage homosexuel pourraient l’amener à faire de la province québécoise, un pays à part. Cette figure de réformateur et de libéral, dans l’ère du temps, fait de lui le nouveau « Kennedy canadien», appelé ainsi par la presse européenne et nord-américaine. Progressivement, il séduit.

En 2012, lors de la bataille pour la présidence du Parti libéral, Trudeau remporte alors 80 % des voix du scrutin. Fort de son nouveau statut, il s’impose progressivement comme un leader charismatique, à la destinée écrite d’avance, comme seule l’Amérique peut en produire.

star wars

Un politique Made in XXIème siècle

Fan de Star Wars -il se rend même à des conférences consacrées à l’univers de la saga-, favorable à la légalisation du cannabis et amateur de boxe, l’homme allie « esprit de jeunesse » et fort tempérament. En fouillant les archives d’Internet, on retrouve un combat de boxe, organisé il y a quelques années, entre lui et le sénateur Brazeau. Un vrai combat, gagné par Trudeau par arrêt de l’arbitre, qui démontrait alors tout le caractère de battant du futur ministre.

Un caractère qui le mène même sur les plateaux de cinéma, en 2007, lorsqu’il joue un petit rôle dans le drame historique ‘The Great War’. Un rôle et plus généralement un film qui ne méritent pas pour autant le détour et qui est « assez moqué au pays » comme le souligne notre source. Ce talent d’acteur de seconde zone, il le met à l’œuvre lors de sa campagne, en filmant sa vie de famille, aux côtés de sa femme, Sophie, et en proposant aux électeurs des sketchs de la vie quotidienne, bien orchestrés, pour faire de lui, un homme « comme tout le monde. » Sa descente burlesque de ses escaliers reste dans les mémoires.

Après sa victoire du 19 octobre, l’homme  » comme tout le monde ou presque »  est descendu dans le métro, serrer la main des électeurs et poser pour quelques clichés. Un dernier bain de foule avant de se mettre sérieusement au travail.

Car avec un discours moderne portant sur des questions comme l’avortement et la légalisation du cannabis, qu’il consomme lui-même d’après ses dires, il a su galvaniser peu à peu les électeurs. Désormais, il doit faire ses preuves.

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