Affaire Drapor: la famille se déchire

L'affaire Drapor oppose le père de l'entreprise familiale au reste de la famille. Alors qu'il accuse son fils de vol, celui-ci crie à la manipulation du père par un malfrat.

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Le procès Drapor oppose le président de l’entreprise Lahcen Jakhoukh à son fils Tarik . Crédit: DR
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Dans la famille Drapor, je demande le père : Lachen Jakhoukh, entrepreneur à la retraite âgé de 66 ans et patron de la société Drapor leader de drapage des ports au Maroc. Je demande le fils : Tarik Jakhoukh, qui avait repris l’entreprise familiale. Et enfin, je demande le conseiller (ou manipulateur selon les versions) du père : le Libanais Mustapha Aziz. Le premier accuse le second de détournements de fonds. Le second s’en défend en accusant le troisième de manipuler son père. Une audience a lieu jeudi 20 novembre mais l’affaire semble loin d’être terminée.

Lahcen Jakhoukh a porté plainte contre son fils Tarik et six de ses collaborateurs en 2012 pour détournements de fonds et abus de biens sociaux. Cette accusation s’appuie sur un audit de l’entreprise Drapor réalisé par un cabinet français à l’initiative de Mustapha Aziz, proche de Lahcen Jakhoukh qui a repris les rênes de l’entreprise.

Il est reproché à Tarik Jakhoukh d’avoir détourné l’argent de Drapor. Cette entreprise anciennement publique a été rachetée par Lhacen Jakhoukh en 2007 lors de sa privatisation. Elle travaille pour l’Etat et les entreprises publiques comme le ministère de l’Equipement et des transports, l’Agence nationale des ports ou l’OCP. D’après nos confrères de Médias 24, Drapor affiche de bons résultats financiers jusqu’en 2011, date à laquelle l’entreprise devient déficitaire.

Irrégularités dans les preuves

Tarik Jakhoukh se défend. Pour lui, Mustapha Aziz manipule son père. Dans une lettre ouverte, il explique que « Mon père se laisse peu à peu prendre dans le jeu des apparences que lui offrait cet homme. En gagnant sa confiance, cet homme va pousser mon père à lui ouvrir les secrets de ses sociétés et de ses comptes bancaires ». Pour lui, Lahcen Jakhoukh est « la nouvelle proie » de cet homme. Il ajoute même : « Cet homme va peu à peu tisser une toile autour de notre famille […] Il pousse Lahcen Jakhoukh à me licencier ».

Ces accusations l’ont poussé à porter plainte contre Mustapha Aziz pour faux et usage de faux, qui lui auraient permis d’accéder à la direction de Drapor et de se séparer des autres actionnaires. Mustapha est cité dans plusieurs affaires. La Cour européenne a gelé ses avoirs pour incitation à la haine raciale lors de la guerre civile en Côte d’Ivoire, il a été accusé d’avoir fait échouer la libération de deux otages français pour bénéficier de commissions

Autre angle de défense : l’audit réalisé par le cabinet français SEGEC, critiquable selon la défense, « réalisé à charge » d’après une source proche du dossier. En réalité, l’expertise a été réalisée par son sous-traitant Prodigium… qui travaille également pour Roudana Finance, entreprise appartenant à Mustapha Aziz. Le juge a d’ailleurs demandé une contre expertise des comptes. Celle-ci a blanchi Tarek mais le juge ne l’a pour le moment pas prise en compte. Tarik Jakhoukh et sa famille envisagent d’intenter une action en justice en France, pour dénoncer l’expertise.

Tarik Jakhoukh est actuellement en détention préventive.

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