Tout a commencé le mardi 14 octobre à Alger, où plusieurs centaines de policiers ont manifesté dans les rues de la ville en soutien à leurs collègues de Ghardaïa, une ville du sud du pays près de laquelle plusieurs d’entre eux ont été blessés suite à des affrontements entre Berbères mozabites et Arabes. Mercredi, d’autres policiers rejoignent les manifestations devant la présidence à El Mourdia, mais également à Constantine et à Oran. Les manifestants arrivent même à s’introduire dans les jardins du palais présidentiel, jusque-là réputé pour être une « citadelle imprenable ».
Ils revendiquent la démission du chef de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, et des négociations avec le président Abdelaziz Bouteflika au sujet de leurs conditions de travail. Les agents de l’ordre demandent une hausse de 100 % de leur salaire de base, le droit au logement, la réduction du service de police à 20 ans au lieu de 32 ans et l’instauration d’une prime pour les femmes de policiers.
Ce mouvement de protestation des policiers est une première dans un pays où il est interdit pour les hommes en uniforme de manifester ou de faire grève. Pour l’enseignant en sciences politiques et ancien officier militaire à la retraite, Ahmed Adimi, interrogé par le journal Liberté :
C’est la première fois depuis l’indépendance que cela arrive, que des policiers décident de protester. Cela est dû, de mon point de vue, aux fortes pressions auxquelles est soumis ce corps de sécurité.
Pour Adimi, ce mouvement serait même symptomatique d’une « faillite totale du régime ».
D’autres espèrent que ce mouvement de colère, sans précédent, débouchera vers une refonte d’un corps fortement décrié; à l’image du journal El Watan, qui écrit dans son éditorial : « Si dans la foulée de ce mouvement en apparence social, le corps de la police tant décrié pour ses méthodes répressives […] qui ont provoqué un buzz sur la toile, se démocratise et se réforme pour être véritablement au service du citoyen et non du système, les policiers auront alors écrit, en ce mois béni, une nouvelle page dans la construction démocratique”.
L’issue de ce mouvement reste incertaine. Dès le 15 octobre, le Premier ministre Abdelmalek Sallal a accepté de satisfaire l’essentiel des revendications sociales et économiques des policiers, notamment en augmentant leurs salaires.
En revanche, il n’est pas question pour lui de se séparer d’Abdelghani Hamel. Deux responsables des forces de sécurité algérienne ont par ailleurs été suspendus, ce dimanche 19 octobre, pour « n’avoir pas pu contrôler et empêcher le soulèvement » des policiers manifestants.
Mehdi Chaïbi
Tout le monde se revolte en Algerie. La police, les Kabyles, les Mozabites, …
A part cela tout va bien madame la Marquise au pays de Boutef.