14-18, quatre ans de mixité sous surveillance

Épisode 3. Interdites dans les colonies, les relations entre femmes blanches et hommes de couleur se multiplient en métropole et inquiètent les autorités. Censure postale, contrôle de la vie intime, dissuasion des familles sont alors utilisés pour réguler ces unions et les enfants qui en naissent.

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Guerre 1914-1918. La fête du Ramadan, donnée par le groupement des travailleurs Nord-Africains de la poudrerie nationale de Sevran-Livry (Seine-Saint-Denis), le 22 juillet 1917. Crédit: Collection Roger-Viollet

La Première Guerre mondiale marque la rencontre entre les Français métropolitains et plus de 500.000 hommes venus des colonies françaises d’Asie et d’Afrique. Pour contrôler cette nouvelle mixité, l’État met en place une stratégie de séparation, vite ébranlée par la multiplication des relations entre Françaises et “indigènes”.

L’inversion du tabou colonial

En métropole, ces hommes venus d’ailleurs découvrent une autre réalité. Dans les colonies, les relations sexuelles entre hommes blancs et femmes de couleur sont tolérées. De plus, “les violences coloniales étaient aussi des violences sexuelles”, rappelle Laurent Dornel, historien travaillant sur la question des travailleurs étrangers au début du XXe siècle. “Il y a notamment tout un imaginaire érotique colonial, qui fait de la jeune femme et fille africaine et nord-africaine un objet de fantasme des colons et des métropolitains”,…

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