Enass, un nouveau média pour les “sans-voix” au Maroc

Petit dernier du paysage médiatique marocain, Enass est un média digital lancé le 20 septembre par les journalistes Salaheddine Lemaizi et Majdouline Benkharba. Principalement à caractère social, Enass se donne pour vocation de “faire entendre les voix invisibles”. 

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Salaheddine Lemaizi et Majdouline Benkhraba. Crédit: DR

Un nouveau pureplayer s’ajoute au paysage médiatique marocain. Enass, “les gens” en darija, fondé par les journalistes Salaheddine Lemaizi et Majdouline Benkharba, lancé il y a quelques jours, se donne pour vocation de “donner la parole à ceux dont les voix sont encore trop invisibilisées dans les médias mainstream” explique le journaliste et directeur de publication Salaheddine Lemaizi

Place aux minorités

Lancé le 20 septembre, la version actuellement accessible d’Enass est francophone. Toujours sur le digital, une version arabophone, en cours de préparation, devrait très prochainement voir le jour. Loin du suivi de l’actualité chaude, Enass propose plutôt une approche dite “délinéarisée”, privilégiant un « journalisme lent” qui se rapproche de l’analyse ainsi qu’un travail approfondi de terrain. 

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Principalement axé sur le social entre reportages, portraits ou encore récits de vie, Enass veut donner la parole à ce que l’on pourrait appeler des minorités sociales : classes populaires et ouvrières, personnes en situation de handicap, enfants précaires, personnes âgées en situation de vulnérabilité, ou encore les étrangers issus des migrations.

“Quand j’ai quitté Les Eco, je voulais travailler sur les questions migratoires” retrace le directeur de publication, “mais plutôt que de parler d’une catégorie sociale, j’ai pensé que ce dont nous avons besoin, c’est d’un média de rassemblement, qui privilégie l’intersection et où ce sont plusieurs communautés qui se retrouvent” poursuit-il.

Une approche “humaine”

“On ne veut pas tomber dans une prise de parole misérabiliste, à travers la narration des faits divers, où la misère des gens est exploitée pour faire de l’audience” avertit-il. “Nous relayons des informations pour ces gens et par ces gens. Chaque contenu est une histoire, un récit de vie. Notre approche n’est ni humanitaire, ni misérabiliste. Elle est profondément journalistique et humaine” peut-on lire sur le texte de présentation du site. 

Si depuis mars 2020, la crise Covid a mis à mal le monde de la presse, à la fois écrite et digitale, Enass ne prévoit pas d’adopter un modèle économique marchand. Une décision qui détonne, au vu de l’actuel contexte socio-économique : Pour le moment, nous souhaitons créer une communauté, une audience qui puisse être intéressée par notre contenu. Le premier challenge, c’est de recréer un lien de confiance avec le public, qui a longtemps adopté une attitude de défiance à l’égard des médias”, conclut le directeur de publication.