Le 4 janvier 1963, au Caire, une jeune femme avale une vingtaine de pilules bleues et ne se réveillera pas. Peu de temps auparavant, elle avait reçu la réponse d’une maison d’édition jugeant son premier roman impubliable. Elle sortait d’un divorce, craignait que son ex-mari lui prenne son fils. Elle avait 27 ans. Elle s’appelait Enayat Zayyat. Trente ans plus tard, la poétesse Iman Mersal achète chez un bouquiniste, pour une livre, ce roman publié en 1967 chez Dar al-Katib al-Arabi. Chercheuse en littératures arabes, qu’elle enseignera plus tard à l’université d’Alberta au Canada, cofondatrice et animatrice de 1986 à 1992 de la revue féministe Bint al-Ard, elle est frappée par la singularité de cette œuvre. “Il y a dans L’Amour et le Silence une fraîcheur, une vigueur dans l’écriture, tantôt froide, tantôt affectueuse, tantôt laborieuse comme si elle était traduite d’une autre langue. Tantôt marquée par l’atmosphère du roman…