À Paris, les tensions à Guerguerat s’invitent place de la République

Samedi 28 novembre, des affrontements ont eu lieu entre manifestants pro-Polisario et contre-manifestants issus de la communauté marocaine résidente à l'étranger, sur la place de la République à Paris.

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Twitter / @timbalandmago

Il n’y a pas que sur le terrain diplomatique que les développements au Sahara résonnent en dehors des frontières marocaines. Samedi 28 novembre, place de la République à Paris, alors que se tenaient, en parallèle, des manifestations contre la Loi sécurité globale, des heurts ont eu lieu entre manifestants pro-Polisario et membres de la communauté marocaine résidente à l’étranger, suite à différents appels lancés sur les réseaux sociaux tout au long de la semaine précédente. Une manifestation qui intervient suite aux derniers incidents survenus au poste-frontière de Guerguerat, entre les Forces armées royales et les militants indépendantistes sahraouis.

Réunissant quelques centaines de personnes, d’abord en cortège séparé, la manifestation a connu un hausse des tensions aux abords du monument aux alentours de 16 heures. Des bousculades ont d’abord émaillé le rassemblement avant que les échanges ne s’enveniment. Plusieurs photos et live-vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des manifestants, vraisemblablement partisans du Polisario, munis de bâtons s’en prendre à des ressortissants marocains, venus exprimer leur soutien à Rabat. 

Agression

Une brève altercation physique et verbale a eu lieu sur la place, entre les participants et des opposants, explique une source policière, contactée par le quotidien français Libération. Il n’y a eu ni interpellation, ni blessé recensé par les services de police.” Côté marocain, le sentiment est tout autre. Dans une vidéo diffusée sur YouTube, une manifestante marocaine, venue “de la région de Rennes” et dont le profil fait état de nombreuses mentions “à la marocanité du Sahara”, s’est dit victime d’une “agression”.

Dans une déclaration au site d’information Atlas.info, le président de l’Union des associations des Marocains de l’Essonne fait état de “neuf personnes” blessées par les éléments identifiés comme étant du Polisario. “J’ai reçu moi-même des coups en tentant de protéger une femme âgée qui était rouée de coups”, se défend celui qui est également président de l’association Amitié France-Maroc. L’Union des Marocains de l’Essonne a décidé de porter plainte. 

Les différentes vidéos relayées montrent d’abord deux camps qui se regardent de loin, en début d’après-midi. Deux foules munies chacune de drapeaux marocains et de l’entité de la RASD. Peu avant 16 heures, des “Ach l’Malik” (« Vive le roi », ndlr) répondent aux “Polisario, Polisario” répétés par un groupe venu au devant des ressortissants marocains. 

Les deux groupes se font alors face et des bousculades éclatent parmi les manifestants. Rapidement, le ton monte et plusieurs échauffourées ont lieu.

Le 23 octobre, un appel au rassemblement a été émis par un communiqué conjoint de plusieurs associations pro-Polisario. Déclaré à la préfecture de Paris pour qu’elle se tienne de 14 heures à 17 heures, la manifestation vise à faire “preuve de solidarité avec le peuple sahraoui” à un moment que les associations estiment être “une nouvelle phase de son combat pour la liberté et l’indépendance”. 

En réaction, de nombreux membres issus de la communauté marocaine résidente en France saisissent l’occasion pour organiser une contre-manifestation. Principalement originaires d’Ile-de-France, ils ont appelé à se rassembler sur le pavé de l’emblématique place parisienne située dans le XIè arrondissement (est-parisien), dès 13h30, notamment pour “répondre à l’appel de la patrie” et “défendre l’intégrité du pays de manière pacifiste”.

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Des précédents

Ce n’est pas la première fois que des développements nationaux tournent au vinaigre dans la capitale parisienne. Il y a plus d’un an déjà, le 26 octobre 2019, à l’occasion d’un cortège rifain pour commémorer les trois ans de la mort de Mohcine Fikri, la marche devant être pacifique avait été marquée par l’embrasement d’un drapeau marocain, sur cette même place de la République. Deux semaines plus tard, cette fois place du Trocadéro, un rassemblement avait vu la participation d’une large frange de Marocains résidents à l’étranger pour dénoncer l’acte. Là encore, le rassemblement avait eu lieu le même jour qu’une grande marche contre l’islamophobie où près de 14 000 personnes avaient défilé à Paris.