Ce que propose la fédération des industries créatives et culturelles pour sauver le secteur

Selon la fédération des industries créatives et culturelles, les secteurs culturels ont perdu deux milliards de dirhams depuis de le début de la crise sanitaire au Royaume. La structure affiliée à la CGEM liste ainsi une série de mesures pour stopper l’hémorragie.

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Le concert des Écossais de Franz Ferdinand à l'édition 2019 du Jazzablanca. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

La fédération des industries créatives et culturelles (FICC) sort de sa réserve pour réclamer le sauvetage des secteurs culturelles, immobilisés et précarisés par une crise sanitaire qui dure depuis plus de deux mois déjà. Qu’il s’agisse de salles de cinémas, théâtres, galeries d’art, festivals, espaces culturels, maisons d’éditions ou encore de structures événementielles, ce sont 100 000 emplois qui sont directement impactés par la vague coronavirus, selon la FICC.

« 1100 entreprises ont accusé 70% de baisse de leur chiffre d’affaires en moyenne. Des associations culturelles structurantes ont dû cesser leur activité. Plusieurs milliers de professionnels indépendants, d’artistes et de techniciens qui constituent l’écosystème de la création et de la production culturelle au Maroc, se sont retrouvés sans travail » détaille la structure affiliée au patronat dans un communiqué diffusé le 29 mai. Et d’ajouter : « même avec une carte professionnelle, l’artiste est considéré comme « un travailleur de l’informel » dans le cadre du découpage retenu pour la distribution des aides monétaires directes, décidées pour lutter contre les effets économiques et sociaux du COVID 19 ».

La fédération culturelle chiffre ainsi les pertes engendrées par la crise sanitaire sur les secteurs culturels à 2 milliards de dirhams. « Les chiffres communiqués par la fédération sont le fruit d’un travail de fonds impulsé dès le début de la pandémie. Nous avons ainsi consulté les données des différents acteurs des industries culturelles et créatives mais aussi celles du ministère de la Culture ou du Centre Cinématographique Marocain », explique Neila Tazi, présidente de la FICC. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, cette crise sanitaire a mis violemment en difficulté les acteurs des industries culturelles et créatives, on ne sait pas quand est-ce qu’on va en sortir, on n’a pas de visibilités sur les modalités de reprises donc on ne peut pas planifier d’où la nécessité de mise en place de mesures urgentes afin de préserver les emplois et assurer la relance du secteur ».

Exonérations d’impôts, fonds d’aide spécial et déblocage des budgets culturels régionaux

La fédération revendique, entre autres, une exonération des charges liées à l’IR, la CNSS et l’AMO de juin à décembre 2020, « afin préserver les revenus des salariés du secteur » lit-on dans la communication de la FICC. Elle appelle en outre à la création d’un fonds spécial d’urgence et de rebond pour soutenir les professionnels du secteur et la création toutes filières confondues, et l’incitation des régions et collectivités territoriales à engager « rapidement » les budgets dédiés aux activités culturelles et créatives de l’année 2020.

La FICC exhorte l’Exécutif à accompagner les porteurs de projets pour la programmation des événements reportés et à mettre en place un calendrier événementiel adapté aux conditions de déconfinement. La structure de la CGEM préconise également l’adoption de textes législatifs qui doivent voir le jour (contrat artiste, loi BMDA, extension de l’AMO aux professionnels…), et l’amélioration de la procédure d’attribution des cartes d’artistes.

Une série de recommandations « spécifiques, adaptées aux besoins et aux contraintes de chaque filière » a été adressée aux autorités de tutelle, précise la FICC. « La fédération est avant tout une force de propositions. Les mesures listées sont en cours d’étude au niveau de l’exécutif comme celles des autres fédérations et nous serons  amenés à en discuter pour bénéficier de mesures transversales mais aussi de mesures spécifiques à chaque filière du secteur qui repose sur  un écosystème inclusif avec notamment les artistes, les travailleurs indépendants, les techniciens, qui sont particulièrement fragilisés, et il est donc primordial de les soutenir » nous indique Neila Tazi. La balle est désormais dans le camp de l’Exécutif.