Maryam Bigdeli, représentante de l’OMS au Maroc : “Nous sommes conscients que la capacité de tester est limitée pour de nombreux pays”

Pour Maryam Bigdeli, les mesures adoptées par les autorités marocaines sont “ambitieuses et judicieuses”. La représentante de l’OMS au Maroc salue aussi la solidarité et l’innovation qui accompagnent ces actions face à la pandémie de coronavirus.

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La représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc, Maryam Bigdeli. Crédit: OMS

Maryam Bigdeli est la représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc. Titulaire d’un doctorat en sciences de la santé publique à l’Université libre de Bruxelles, cette pharmacienne de formation est notamment spécialisée dans la gouvernance des systèmes de santé.

TelQuel : Nous avons assisté, depuis la fin mars, à une accélération du nombre de cas infectés au Covid-19. Comment interpréter cette courbe ?

Maryam Bigdeli : Dans cette phase de l’épidémie, une accélération des cas est un phénomène attendu. En effet, la période d’incubation de la maladie allant jusqu’à 14 jours et chaque personne pouvant contaminer deux à trois autres personnes, nous voyons maintenant apparaître les cas positifs parmi les contacts des personnes diagnostiquées il y a deux à trois semaines.

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Le nombre de cas augmente également quand la capacité de diagnostic se renforce. En réalité, la détection des cas à ce stade de l’épidémie est une bonne chose, car chaque cas détecté peut être isolé et traité, et on évite ainsi une transmission de la maladie. Le confinement aidera également à contenir la transmission.

Les autorités ont fait le choix de l’anticipation en adoptant rapidement des mesures pour contenir la propagation du coronavirus. Sont-elles suffisantes à vos yeux ? Quel est le regard de l’OMS sur la gestion de crise au Maroc ?  

En effet, le Maroc a adopté très rapidement des mesures très radicales comme la fermeture des frontières, l’interdiction des rassemblements et le confinement, tout en accompagnant ces actions de mesures permettant à la population de continuer à avoir accès aux services de base.

La solidarité et l’innovation accompagnent ces actions de manière efficace. Ceci sans compter évidemment les investissements pour améliorer le système de santé et atténuer l’impact socioéconomique de l’épidémie. Ces mesures sont ambitieuses et judicieuses.

Quelles sont les recommandations de l’OMS quant à l’évolution de la situation au Maroc ? À l’heure actuelle, êtes-vous en mesure d’avancer des hypothèses de date sur le pic de l’épidémie à venir ?  

Non, malgré les fausses informations qui ont circulé récemment dans les médias, nous n’avons pas fait ce genre d’estimation. Le pic et la durée du confinement dépendront de beaucoup de facteurs, y compris de l’efficacité du confinement. Malgré la distance physique que cette mesure impose, c’est un acte de solidarité essentiel pour enrayer l’épidémie : restez chez vous !

L’OMS a longuement appelé les différents gouvernements à mettre en place des dépistages/testings massifs. Un point qui semble lacunaire au Maroc, en raison de moyens matériels limités…

Malheureusement, le Maroc n’est pas le seul pays à rencontrer cette difficulté. Nous sommes conscients que la capacité de tester est limitée, pour de nombreux pays, par les pénuries internationales de kits de diagnostic habituels. Par ailleurs, des tests rapides ont été développés récemment, qui permettront d’améliorer la capacité de tester, globalement et au Maroc.