TPME : comment survivre à la crise du coronavirus ?

Contrats et projets en suspens, annulations de bons de commande… de nombreux patrons s’inquiètent pour l’avenir de leur entreprise. Pour TelQuel, certains d’entre eux proposent des mesures à adopter immédiatement pour parer à une destruction du tissu économique national.

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14 245 entreprises, personnes morales, ont été déclarées défaillantes en 2023. Crédit: DR

Garantie sur les salaires, prêts à taux réduits

Hayat Jebrane, dirigeante de l’agence Goal Voyages:

“Nous ne recevons aucune demande et toutes celles reçues il y a quelque temps ont été annulées récemment. Quand j’ouvre ma boîte mail le matin, je ne reçois aucun mail. Il n’y a pas d’avions qui circulent, que voulez-vous que l’on fasse ? Pas un dirham de recette par jour, rien. Nous devons bénéficier d’une période de trêve pour le versement des allocations familiales, impôt sur le revenu et cotisations à la CNSS, c’est pour nous l’unique manière de régler nos salaires”

Jalil Madih, président d’Alizés Travel:

”Il faudrait que l’Etat puisse garantir au moins 50% du salaire des acteurs du tourisme. Et si l’on pouvait avoir des prêts à des taux d’intérêts bas, cela nous aiderait beaucoup”.

Délai supplémentaire pour les remboursements

Brahim Belghiti, fondateur de la startup Pickalty, opérant dans le secteur logistique:

“Nous avions des bons de commande en cours qui ont été mis en suspens. Les décideurs nous ont demandé de temporiser, ce qui veut dire que nous n’allons pas livrer. Il serait préférable de geler les prélèvements bancaires. Nous ne pourrons pas payer nos engagements durant les deux voire trois mois à venir, mais les banques continueront de ponctionner. Il est nécessaire de sensibiliser les banques. Un délai supplémentaire pour le remboursement des crédits s’impose”.

Décalage des impôts

Smael Sebti, fondateur de l’agence Web WBC/ Smarteez:

“Cette crise va redistribuer les cartes. Ce sont ceux qui se sont préparés pendant la crise qui tireront le mieux leurs marrons du feu. Les entreprises doivent dédier une équipe à préparer l’après-crise, une équipe orientée positif. Et si une chose doit nous donner une piste sur ce que sera le monde d’après, c’est que les entreprises les plus digitalisées sont celles qui ont été les plus réactives. Il faudrait éventuellement repousser le bilan des entreprises qui arrive à la fin mars. Pour donner une bouffée d’air aux trésoreries, le décalage des impôts serait plus que souhaitable. L’Etat doit accélérer le paiement de ses prestataires et assouplir les conditions de crédit pour les entreprises”.

Une intervention étatique

Hazim Sebbata, directeur général de CashPlus:

“Nous sommes passés en télétravail pour ne pas geler nos activités, mais nous en constatons l’impact. Est-ce que l’Etat est capable de prêter de l’argent aux entreprises pour qu’elles soient capables de payer leurs salaires ? Je pense qu’il faut le faire. Débloquer l’argent et discuter après, directement à travers les banques ou l’Etat. Beaucoup de gens ont besoin d’argent. Les charges fixes sont une vraie question pour beaucoup de monde”.

Les grands comptes doivent fournir de l’oxygène aux TPE

Ismael Lahsini, fondateur et directeur général de Mentor:

“Une seule mesure est cruciale : il faut que les grands comptes s’acquittent de leurs arriérés de paiement envers les TPE structurées. Ils doivent payer leur dû et régler leurs créances. Par les temps qui courent, l’effort de recouvrement bute sur des téléphones qui sonnent dans le vide. Les grandes entreprises ont les reins solides, elles survivront, mais si elles ne paient pas leurs petits fournisseurs, elles risquent d’être à l’origine d’une hécatombe. Qu’elles paient au plus vite!”

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