Qui sont les cinq candidats à la présidentielle en Algérie ?

Les cinq candidats à la présidentielle algérienne ont tous soutenu le président déchu Abdelaziz Bouteflika ou participé à son gouvernement. Portraits express des aspirants à la plus haute fonction de l’Etat.

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De gauche à droite : Azzedine Mihoubi, Abdelmadjid Tebboune, Abdelkader Bengrina, Ali Benflis et Abdelaziz Belaid. Crédit: AFP

Cinq hommes se sont présentés pour l’élection présidentielle qui s’est ouverte ce jeudi 12 décembre au matin. Leur point commun ? Ils ont tous été cadres de l’ancien régime du président Abdelaziz Bouteflika, ce qui pousse un grand nombre d’Algériens à contester leur légitimité. Retour sur le parcours politique de ces candidats.

Abdelmadjid Tebboune

Le candidat Abdelmadjid Tebboune © Ryad Kramdi/AFP

Haut fonctionnaire de carrière, plusieurs fois wali (préfet), Abdelmadjid Tebboune devient pour la première fois, brièvement, ministre délégué en 1991, sous la présidence de Chadli Bendjedid.

Tout juste élu président, Abdelaziz Bouteflika le rappelle au gouvernement en 1999 où il reste jusqu’en 2002. Il redevient ministre en 2012, jusqu’en 2017 lorsqu’il prend la tête du gouvernement. Il est limogé au bout de trois mois seulement après s’être attaqué aux oligarques gravitant dans l’entourage du chef de l’Etat, dont la plupart sont aujourd’hui emprisonnés dans des dossiers de corruption présumée.

Il met en avant ce fait d’armes pour faire oublier son passé au service de Bouteflika. Il était vu comme un favori du scrutin jusqu’à une récente campagne contre lui par des médias proches du pouvoir.

Il est toujours membre du comité central du Front de libération nationale (FLN), mais se présente sans l’étiquette de l’ex-parti unique et formation — très impopulaire — de Bouteflika.

Ali Benflis

L’ancien Premier ministre Ali Benflis © Stringer/AFP

Candidat de son parti Avant-garde des libertés, Ali Benflis se présente pour la troisième fois à la présidentielle. Ancien magistrat, puis avocat, il fut ministre de la Justice de 1988 à 1991, et a intégré le bureau politique du FLN en 1989.

Directeur de campagne de Bouteflika en 1999, il devient son directeur de cabinet une fois élu, puis son chef du gouvernement en 2000. Les deux hommes entretiennent des liens privilégiés mais se brouillent en 2003, quand Benflis, à qui le chef de l’Etat a confié la tête du FLN, envisage de se présenter à la présidentielle de 2004.

Candidat du FLN, il n’obtient que 6,42 % des voix, sévèrement battu par Bouteflika (85 %) dès le 1er tour. Il quitte le parti, repris en main par Bouteflika qui le bat à nouveau au premier tour en 2014 (12,18 % des voix).

Benflis se présente depuis 15 ans comme le principal “opposant” en Algérie, mais pour ses détracteurs, c’est un briscard du “système”.

Azzedine Mihoubi

L’ancien ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi © Ryad Kramdi/AFP

Journaliste de carrière, écrivain et poète, il est député de 1997 à 2002. Il alterne ensuite direction d’établissements publics (radio puis bibliothèque nationales) et postes ministériels sous la présidence de Bouteflika. Après la Communication (2008-2010), il hérite en 2015 de la Culture qu’il conserve jusqu’au 31 mars 2019, deux jours avant la démission de Bouteflika.

En juillet, il a succédé, à la tête du Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du FLN au sein de l’Alliance présidentielle soutenant Bouteflika, à l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, dont il est réputé proche, quand celui-ci a été incarcéré dans des affaires de corruption.

Candidat du RND, il apparaît de plus en plus comme un candidat ayant la préférence de l’armée, même si celle-ci affirme n’avoir aucun favori.

Abdelaziz Belaid

Abdelaziz Belaid, fondateur du Front El Moustakbal © Ryad Kramdi/AFP

Le plus jeune candidat du scrutin est un vieux routier du “système”. Dès 1986, il rejoint le FLN et devient le plus jeune membre du comité central du parti unique. Député durant 10 ans à partir de 1997, il dirige également à cette époque une des organisations de jeunesse du parti.

Abdelaziz Belaïd quitte le FLN en 2011 pour fonder le Front El Moustakbal, à l’audience confidentielle et qui soutient le président Bouteflika. Candidat à la présidentielle de 2014, il recueille 3 % des suffrages.

Abdelkader Bengrina 

Abdelkader Bengrina, ancien ministre du Tourisme © Ryad Kramdi/AFP

Ancien syndicaliste, Abdelkader Bengrina devient ministre du Tourisme de 1997 à 1999 quand son parti, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), formation islamiste se réclamant des Frères musulmans, intègre le gouvernement d’Ahmed Ouyahia, sous la présidence de Liamine Zeroual.

Le MSP participe ensuite, aux côtés du FLN et du RND, à l’Alliance présidentielle, avant de s’en retirer en 2012. Peu avant, Bengrina a fondé avec d’autres dissidents du MSP un nouveau parti islamiste, puis le Mouvement islamiste El Bina, qui soutient la présidence Bouteflika.

La coalition parlementaire à laquelle appartient El Bina a récupéré en juillet la présidence de la Chambre basse, traditionnellement dévolue au FLN majoritaire, après la démission de son titulaire.

 

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