Brexit ou nouveau référendum ? Des législatives cruciales au Royaume-Uni

Le Brexit avec Boris Johnson ou un second référendum avec Jeremy Corbyn ? Les Britanniques votent ce 12 décembre lors de législatives anticipées fatidiques pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et l’avenir du pays pour des décennies.

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Boris Johnson et Jeremy Corbyn, les deux candidats aux législatives du 12 décembre au Royaume-Uni. Crédit: AFP

Les électeurs se rendent aux urnes depuis 7 heures (locales et GMT), ce jeudi 12 décembre, dans un pays embourbé dans le Brexit depuis le référendum de 2016 remporté à 52 % par le “leave”.

C’est justement pour sortir de l’impasse que le Premier ministre conservateur a voulu ces législatives, les troisièmes en quatre ans. Il espère obtenir la majorité absolue qui lui a fait défaut pour tourner la page de cette saga qui divise profondément le Royaume-Uni.

Que disent les estimations ?

Mais si les conservateurs ont toujours dominé leurs rivaux travaillistes dans les sondages, le résultat s’annonce serré et incertain au vu des dernières enquêtes d’opinion. L’une d’elles, publiée dans le Telegraph, donne cinq points d’avance aux conservateurs, une autre, réalisée par l’entreprise Kantar, 12 points. Et les averses attendues ce 12 décembre, voire la neige dans le nord, pourraient décourager plus d’un électeur de se déplacer pour désigner les 650 députés de la Chambre des communes lors de scrutins uninominaux à un tour (est élu le candidat arrivant en tête dans sa circonscription).

Un sondage sorti des urnes sera publié à la fermeture des bureaux de vote à 22 heures (GMT). Les premiers résultats sont attendus dès 23 heures. “Sauvez le Brexit, sauvez le Royaume-Uni”, exhorte le tabloïd The Sun, tandis que le Daily Mirror, mettant notamment en Une infirmière, retraités ou sans-abri, appelle “Pour eux…” à “voter Labour”.

Réalisons le Brexit !” Boris Johnson, 55 ans, l’a répété comme un mantra tout au long d’une campagne sans relief. “Donnez-moi une majorité et je finirai ce que nous avons commencé — ce que vous nous avez ordonné de faire — il y a trois ans et demi”, a promis l’ex-maire de Londres qui, malgré ses gaffes à répétition, a réalisé l’ambition d’une vie en prenant la tête de l’exécutif en juillet. “Imaginez comme il sera merveilleux de s’attabler autour de la dinde de Noël, le Brexit réglé”, a-t-il poursuivi.

Le dernier sondage publié mardi par YouGov, portant sur un échantillon de 100 000 personnes, donne aux conservateurs une majorité absolue avec 339 sièges. Mais la marge d’erreur, l’impact d’un éventuel vote utile et la récente remontée du Labour peuvent encore conduire à un Parlement sans majorité, comme en 2017. “L’électorat est […] plus volatil que jamais”, constate Chris Curtis, directeur de la recherche politique de YouGov, interrogé par l’AFP.

Le score des Tories dépendra notamment, selon lui, de leur capacité à séduire les électeurs des circonscriptions traditionnellement travaillistes dans le centre et le nord de l’Angleterre, mais très favorables au “leave”. Sur les flancs des conservateurs et des travaillistes, les plus petits partis comme les libéraux démocrates ou les nationalistes écossais du SNP pourraient grappiller quelques sièges, insuffisant pour faire dérailler les poids lourds.

Passe d’armes

Outre l’unification du pays, il s’agit d’enfin pouvoir s’atteler aux “priorités” des Britanniques, comme la santé et la sécurité, a affirmé le chef du gouvernement, accusé de récupération après l’attentat meurtrier de London Bridge fin novembre. En cas de victoire, Boris Johnson veut soumettre l’accord de divorce, qu’il a négocié avec Bruxelles au Parlement avant Noël, pour mettre le Brexit en œuvre au 31 janvier, après trois reports.

L’accord est prêt. Mettez-le juste dans le four”, a-t-il régulièrement plaisanté, n’hésitant pas à pulvériser au bulldozer un faux mur symbolisant “l’impasse” du Brexit. Mais au dernier jour de la campagne, l’opposition a une fois de plus dénoncé ses mensonges, son affirmation de pouvoir boucler un accord commercial post-Brexit en moins d’un an avec l’UE étant jugée irréaliste à Bruxelles, selon la presse.

Plus sobre, Jeremy Corbyn, vétéran de l’aile gauche du Parti travailliste, n’en a pas moins promis un “vrai changement” après presque une décennie de pouvoir conservateur, lors d’un dernier meeting mercredi soir à Londres. Nationalisations et investissements massifs dominent son programme, surtout dans le service public de santé (NHS), affaibli par des années d’austérité. Misant à bloc sur cet autre grand sujet de préoccupation des électeurs, le chef du Labour n’a eu de cesse d’accuser les conservateurs de vouloir brader aux Américains, après le Brexit, cette institution gratuite et chérie des Britanniques.

Le choix auquel vous êtes confronté, vous le peuple de ce pays, est véritablement historique”, a-t-il lancé, clôturant une campagne où il a traîné comme un boulet des accusations d’inaction face à l’antisémitisme dans son parti. Sur le Brexit, le septuagénaire reste ambigu. Il promet de négocier un nouvel accord de divorce plus favorable aux droits des travailleurs, qu’il soumettrait à un référendum avec comme alternative le maintien dans l’UE. Lui-même resterait “neutre”.

 

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