Les superlatifs ne manquent pas pour vanter le talent de Tilda Swinton. Depuis déjà trois décennies, elle affole le monde de plus en plus conformiste du cinéma avec des performances monumentales, dans des films pointus, mais aussi dans des blockbusters. Avec elle, les frontières du langage performatif deviennent poreuses, mais elle préfère balayer d’un revers de main les éloges sur ses métamorphoses. Dans le restaurant d’un chic hôtel marrakchi, où nous la rencontrons, la présidente du jury de l’édition 2019 du FIFM ironise : “On parle de mes transformations, mais c’est un peu le but de mon métier. Pour moi, il s’agit, ni plus ni moins, de s’habiller et de jouer. Ce n’est pas plus sophistiqué que quand mes enfants se déguisaient en chien ou en vieille dame.” Voilà qui est dit. En muse du Caravage chez Derek Jarman, en vieille comtesse chez Wes Anderson ou en vampire savante…