Le HCP dresse un sombre tableau du climat des affaires

Le Haut-Commissariat au Plan a publié le 19 novembre une enquête nationale auprès des entreprises. Difficultés de financement et manque d’actes d’investissement, le bilan confirme la timidité du marché malgré un bond dans le classement Doing Business.

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Le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami. Crédit: Rachid Tniouni/TELQUEL

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié, mardi 19 novembre, les résultats d’une enquête menée entre janvier et juillet 2019 auprès de 2101 entreprises nationales. Elle concerne les différentes catégories d’entreprises : TPE, PME et grandes entreprises (GE) du pays. Des critères définis dès le début de la synthèse des résultats : “Les très petites entreprises (TPE) sont définies comme étant les unités ayant un chiffre d’affaires (CA) de moins de 3 millions de dirhams et un effectif inférieur à 10 employés. Les grandes entreprises (GE) sont celles dont le CA est supérieur à 75 millions de dirhams ou ayant des effectifs dépassant 200 personnes.

L’enquête en question révèle la répartition des entreprises nationales par catégorie, et nous apprend que plus de 64 % des entreprises marocaines sont des TPE. 28,5 % rentrent dans la catégorie des PME, et les GE ne regroupent que 7,2 % des sociétés du pays.

Investissements timorés

Au-delà de cette structure d’entreprise, la perception des affaires est un autre volet important de cette enquête du HCP. Le premier malaise provient des investissements. Le HCP démontre que sur les trois dernières années, seulement 39 % des entreprises, toutes catégories confondues, ont effectué des investissements, pointant que “la taille de l’entreprise apparaît comme un facteur déterminant de l’investissement”.

En effet, 80 % des GE ont effectué des investissements, contre à peine 30 % des TPE. Les problèmes sous-jacents ? Les difficultés de recours à l’investissement pour près des trois-quarts des entreprises (74 %), quand seulement 22 % d’entre elles déclarent que le secteur informel est le frein le plus important à l’investissement. “Globalement, une entreprise sur cinq a recouru au financement externe. Cette proportion s’élève à 46 % pour les GE et 18 % chez les TPME”, relève l’enquête. 

Autre frein à l’investissement, les difficultés de recours au crédit et l’insatisfaction des chefs d’entreprises face aux services offerts par les institutions financières : “58 % d’entre eux sont insatisfaits par les offres des banques”, annonce le HCP, tout en précisant que les TPME sont les structures le plus touchées concernant l’accès au financement. “Ces dernières sont le plus confrontées à ce type de contrainte, 69 % d’entre elles ont, en effet, souffert des difficultés d’accès au financement.

Fiscalité complexe

Autre entrave à l’amélioration du climat des affaires selon les entreprises interrogées, le cadre fiscal et les contrôles à répétition. A ce titre, comme le signale le rapport du HCP, “34 % des GE ont fait l’objet d’un contrôle fiscal et 73 % ont été redressées durant la dernière année”. Le rapport d’enquête poursuit : “Le système fiscal marocain est considéré complexe par plus de la moitié des entrepreneurs. Cette proportion est de 63 % chez les GE.

Au global, ce sont près de 60 % des sociétés, toutes catégories confondues, qui considèrent le système fiscal comme inéquitable. Parmi elles, 95 % affirment que cette iniquité est principalement vectrice de découragement de l’investissement.

Administration au ralenti

L’administration publique est également présentée comme un obstacle de taille au bon développement de l’entrepreneuriat. Selon l’enquête, la raison principale identifiée par 65 % des chefs d’entreprises comme obstacle au bon développement des affaires est “la complexité des procédures”.

Autre aspect déjà évoqué dans le climat des affaires, les délais de paiement. “Près de 49 % des entreprises se plaignent des délais de paiement qui sont jugés trop longs”, pointe le rapport en soulignant que pour près de la même proportion des entreprises, la qualité des services fournis est “une entrave au bon développement de leurs activités”.

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Un bilan qui vient fortement nuancer les réjouissances du chef de gouvernement dans le bond effectué par le Maroc au classement Doing Business. Il évoquait d’ailleurs, pour justifier ce résultat, le 28 octobre dernier, “les différentes réformes législatives et réglementaires dont l’impact positif sur la vie des entrepreneurs et des entreprises a profité directement et indirectement aux citoyens lambda”.

 

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