Audience ajournée au 25 novembre pour le rappeur Gnawi

Le rappeur marocain Gnawi, coauteur du titre polémique “3acha cha3b” sur le désespoir de la jeunesse de son pays, a comparu ce 14 novembre devant le tribunal de Salé pour “outrage à fonctionnaire public”. Il risque deux ans de prison.

Par

Gnawi a été condamné à un an de prison ferme pour “insulte à la police” après avoir diffusé un live sur Instagram où il invective des policiers, les accusant de l’avoir
 maltraité et dépouillé d’une somme d’argent. Crédit: @gnawiofficial/Instagram

Selon son avocat Me Mohamed Sadkou, le rappeur de 31 ans est poursuivi non pas pour “outrage à fonctionnaire public” mais bien à cause de la chanson 3acha cha3b (vive le peuple), mise en ligne le 30 octobre dernier sur YouTube, et qui cumule désormais plus de 13 millions de vues.

à lire aussi

Les autorités assurent cependant que l’arrestation du rappeur, le 1er novembre, n’a rien à voir avec la chanson mais est liée à la diffusion d’une autre vidéo mise en ligne le 24 octobre, dans laquelle Gnawi insulte la police, comme l’a expliqué à l’AFP un porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Celle-ci s’est portée partie civile car elle a “subi un tort en tant qu’institution”, selon son avocat, Me Abdelfettah Yatribi.

La ligne rouge franchie ?

Gnawi se trouve en détention préventive depuis son arrestation, survenue deux jours après la mise en ligne de son dernier titre 3acha cha3b, coécrit avec des amis rappeurs, Weld L’Griya et LZ3ER, pour protester contre la situation sociale et la corruption au Maroc.

Ce titre, qui reprend des slogans scandés dans les stades, dénonce “l’injustice” et “l’accaparement des richesses”, mais surtout, les paroles attaquent directement le roi, ce qui constitue, selon les médias marocains, un franchissement très net d’une des “lignes rouges”.

“Une atteinte flagrante à la liberté d’expression”

L’affaire a suscité des flots de commentaires indignés sur les réseaux sociaux. “Les poursuites judiciaires engagées contre lui constituent une atteinte flagrante à la liberté d’expression”, a estimé Amnesty International dans un communiqué publié mercredi 13 novembre, la veille du procès.

Après une audience rapide, ce 14 novembre, consacrée à des questions de procédure, le tribunal de Salé a renvoyé l’affaire au 25 novembre. Les juges devront se prononcer d’ici là sur la demande de remise en liberté déposée par l’avocat du rappeur, Me Mohamed Sadkou.

Les jeunes représentent le tiers de la population du Maroc, qui compte 35 millions d’habitants, et souffrent particulièrement de l’exclusion sociale : un quart des 15-24 ans est hors du système scolaire, sans formation ou sans emploi, selon les chiffres officiels.

 

Pendant que vous êtes là…

Pour continuer à fournir de l’information vérifiée et approfondie, TelQuel a besoin de votre soutien à travers les abonnements. Le modèle classique de la publicité ne permet plus de financer la production d’une information indépendante et de qualité. Or, analyser notre société, réaliser des reportages et mener des enquêtes pour montrer le Maroc « tel qu’il est » a bel et bien un coût.

Un coût qui n’a pas de prix, tant la presse est un socle de la démocratie. Parce qu’à TelQuel nous en sommes convaincus, nous avons fait le choix d’investir dans le journalisme, en privilégiant l’information qui a du sens plutôt que la course aux clics. Pour cela, notre équipe est constituée de journalistes professionnels. Nous continuons aussi à investir dans des solutions technologiques pour vous offrir la meilleure expérience de lecture.

En souscrivant à une de nos formules d’abonnement, vous soutenez ces efforts. Vous accédez aussi à des avantages réservés aux abonnés et à des contenus exclusifs. Si vous êtes déjà abonné, vous pouvez continuer à encourager TelQuel en partageant ce message par email


Engagez-vous à nos côtés pour un journalisme indépendant et exigeant