Sur les pas du psychiatre vénitien Franco Basaglia, qui a contribué à poser les bases d’une rupture totale avec les espaces d’aliénation que sont les asiles psychiatriques, le docteur Abdellah Ziou Ziou a rêvé d’une expérience alternative de la pratique thérapeutique au Maroc. Dans les années 1980, ce psychiatre engagé, membre fondateur de l’Union des écrivains du Maroc et d’Amnesty Maroc, a secoué l’indolence ambiante du plus grand hôpital psychiatrique du royaume en changeant complètement d’approche, convaincu de la nécessité d’humaniser le rapport du corps médical à la santé mentale. Son ambition est de taille. L’hôpital psychiatrique de Berrechid, le plus ancien du pays, est une structure monstre, construite en 1920 et accueillant, à l’époque où il décide de mener son projet, quelque 2000 patients, qui y croupissent parfois depuis les années 1940 et 1950. Dans son cabinet,…