Coupe Mohammed VI : à moins de 24 heures du derby, la tension monte à Casablanca

Pour la première fois de l’histoire, le derby casablancais opposant le Raja au Wydad se jouera hors compétitions nationales. A l’approche de ce choc en Coupe Mohammed VI, prévu ce samedi 2 novembre à 19 heures, la tension est à son comble à Casablanca.

Par

DR

Le derby casablancais version Coupe Mohammed VI des clubs champions (Ligue des champions arabe) approche à grands pas, et la tension commence déjà à être palpable dans plusieurs zones de la capitale économique. Contrairement aux grandes villes du monde partagées entre clubs, à Casablanca, les supporters des deux clubs sont éparpillés partout dans la ville. A l’exception de l’ancienne Médina pour le Wydad et Derb Sultan pour le Raja, rares sont les quartiers dominés par une seule couleur. Tout naturellement, la semaine de derby est marquée par plusieurs moments clés.

Du lundi, lorsque les collègues de travail commencent les interminables débats, au week-end qui suit, toute l’attention des amoureux du football est rivée sur le choc entre frères ennemis, surtout quand la “rude épreuve” de l’achat des tickets est lancée.

Le calvaire des guichets

Sans (agréable) surprise, la vente des tickets du derby a une nouvelle fois connu une anarchie totale. Le manque d’organisation récurrent à chaque fois que les géants casablancais se croisent fait désormais partie des “petites habitudes” des supporters des deux clubs, à la recherche du précieux sésame.

Jeudi 31 octobre, le Raja met en vente 30000 billets pour le match qui se déroulera au Complexe Mohammed V et dont la capacité n’excède pas plus 43000 places assises. Les 13000 autres places sont réservées aux abonnés du club qui ont cette année battu leur propre record d’abonnements. Sur les 30000 tickets mis en vente, 20000 ont été distribués aux différents guichets de vente (Complexe du Raja et Stade Père-Jégo), tandis que les 10000 autres tickets ont été remis au site de vente en ligne Guichet.ma.

Avec un nombre de places très limité par rapport aux précédentes années où le stade Mohammed V pouvait accueillir jusqu’à 70000 supporters, ces derniers ce sont rués vers les points de vente, créant une anarchie qui a pris de court les forces de l’ordre présentes sur place. Bilan des comptes, une dizaine de blessés à déplorer dès les premières heures de vente. Des bousculades où se mêlent hommes, femmes et enfants qui ont tous le même but : mettre la main sur le désormais fameux ticket du “derby de la coupe arabe”.

Frustrés, certains supporters du Raja qui n’ont pas pu acheter de billet lors de la première phase de vente ont décidé de passer la nuit du jeudi au vendredi adossés aux murs du complexe du Raja, en attendant l’ouverture du guichet à 9 heures du matin.

Vente en ligne : un couac pour un bien?

Ce derby de la Coupe Mohammed VI est aussi une occasion de tester la fiabilité de la vente en ligne, lancée par le Raja, Casa Event et Guichet.ma en début de saison. Un accord entre les parties permet au site en question de mettre en vente une quantité limitée de billets. Après les réussites des premières opérations, le club casablancais a mis en vente en ligne 25 % des tickets du match dès mercredi soir.

Mais puisque la ferveur est grande, même ce service n’a pas manqué de bousculade. Dès les premières minutes de la vente, la pression sur le site était hors normes. “Du jamais vu dans l’histoire du e-commerce au Maroc”, nous confie Tawfik Moulnakhla, fondateur du site Guichet.ma.

Compte tenu du nombre d’abonnés au Raja (13000), club qui reçoit le match aller, le club a mis en vente 3440 tickets en ligne pour ses propres supporters, tandis que ceux du Wydad pouvaient se procurer 6921 tickets, toutes catégories confondues. Les supporters des deux clubs ont tous voulu accéder au site en même temps pour éviter la rupture de stock, ce qui a causé quelques blocages, vite réglés par les responsables, qui ont pu écouler tous les billets en moins de 48 heures.

C’était un test obligatoire pour vérifier la fiabilité de nos serveurs et connaître nos limites. On a su sauver le coup, mais c’est tant mieux, les prochaines fois, ce genre de couac n’arrivera plus”, nous explique Moulnakhla, qui souligne que pour de tels événements où les arnaques et le marché noir font fureur, l’achat en ligne est l’endroit “le plus sécurisé” pour se procurer les tickets, surtout qu’ils sont tous nominatifs.

Pour quel spectacle?

Si la vente en ligne peut être une solution future pour éviter les bousculades récurrentes devant les guichets, ces supporters qui sont prêts à tout pour assister au derby n’ont aucune garantie de spectacle. Lors des matchs sous haute tension qui se jouent en deux manches, la peur de perdre fait souvent de l’ombre à l’envie de gagner.

Vingt jours séparent le match aller de ce samedi 2 novembre à la manche retour prévue à la fin du mois, une dizaine de jours seulement avant un nouveau derby programmé pour le compte du championnat marocain. C’est dire si les deux équipes seront sous une énorme pression, qui risque de porter préjudice au spectacle.

Sur le papier, le Wydad est favori. Malgré plusieurs absences, les Rouges disposent d’un effectif bien rodé. Des joueurs qui jouent ensemble depuis plusieurs années avec un système bien huilé, peu importe l’entraîneur sur le banc. D’ailleurs, l’entraîneur serbe du WAC, Zoran Manojlovic, a déjà du pain sur la planche pour son premier derby. Attendu au tournant par les supporters à cause des prestations moyennes des Rouges depuis le début de saison, il devra faire avec les absences de plusieurs cadres. Abdellatif Noussair, Mohamed Nahiri, Walid El Karti ou encore Badii Aouk ne seront pas de la partie, contrairement à l’entraîneur du Raja qui peut compter sur son effectif au complet, à l’exception d’Abdelilah Hafidi, blessé déjà depuis six mois.

 

Pendant que vous êtes là…

Pour continuer à fournir de l’information vérifiée et approfondie, TelQuel a besoin de votre soutien à travers les abonnements. Le modèle classique de la publicité ne permet plus de financer la production d’une information indépendante et de qualité. Or, analyser notre société, réaliser des reportages et mener des enquêtes pour montrer le Maroc « tel qu’il est » a bel et bien un coût.

Un coût qui n’a pas de prix, tant la presse est un socle de la démocratie. Parce qu’à TelQuel nous en sommes convaincus, nous avons fait le choix d’investir dans le journalisme, en privilégiant l’information qui a du sens plutôt que la course aux clics. Pour cela, notre équipe est constituée de journalistes professionnels. Nous continuons aussi à investir dans des solutions technologiques pour vous offrir la meilleure expérience de lecture.

En souscrivant à une de nos formules d’abonnement, vous soutenez ces efforts. Vous accédez aussi à des avantages réservés aux abonnés et à des contenus exclusifs. Si vous êtes déjà abonné, vous pouvez continuer à encourager TelQuel en partageant ce message par email


Engagez-vous à nos côtés pour un journalisme indépendant et exigeant