La société civile se mobilise pour la libération de Hajar Raissouni

Ce lundi, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a réclamé une “prompte” remise en liberté de Hajar Raissouni et de son fiancé. Reporters Sans Frontière, Amnesty International  et Human Rights Watch appellent à la libération “immédiate et sans condition” de la journaliste.

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Dix jours après l’arrestation de Hajar Raissouni, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) réagit à l’affaire. Pour rappel, la jeune journaliste est poursuivie en détention pour “avortement illégal” et “relations sexuelles hors mariage”. Dans un communiqué rendu public ce lundi, l’instance présidée par Amina Bouayach appelle à une que “prompte” remise de Hajar Raissouni et de son conjoint.

Dans le même document, le Conseil insiste sur “la protection des libertés individuelles et de la vie privée, et ce, en respect, entre autres, des dispositions constitutionnelles”.

Suivant de près “les réflexions et positions de l’opinion publique concernant la question des libertés individuelles et de la vie privée”, le CNDH s’attend à ce que “les débats et les expressions publiques puissent constituer un tournant mettant fin à l’hésitation des acteurs politiques quant à l’harmonisation du cadre législatif de notre pays avec les dispositions de sa Constitution et l’adaptation de celui-ci aux pratiques sociétales”.

Le Conseil annonce également la publication imminente de ses recommandations d’amendement du Code pénal, en cours de discussion au sein de la commission de la législation et des droits de l’Homme de la Chambre des représentants.

 “Libération immédiate

Alors que la première audience de l’affaire s’est déroulée ce lundi au tribunal de première instance Rabat, Reporters Sans Frontières (RSF) appelle via un communiqué à la “libération immédiate et sans condition de la journaliste”.

En rappelant que les affaires de mœurs au Maroc “sont souvent utilisées comme des moyens de pression contre les personnes considérées comme gênantes pour le pouvoir”, l’ONG condamne “fermement immixtion dans la vie privée des journalistes et l’utilisation d’informations personnelles pour porter atteinte à leur réputation et à celle des médias pour lesquels ils travaillent”.

Souhaib Khayati, directeur du bureau de Reporters Sans Frontières pour l’Afrique du Nord, exhorte de son côté “les autorités marocaines à abandonner les charges contre Hajar Raissouni et à respecter l’article 24 de la Constitution selon lequel toute personne a droit à la protection de sa vie privée”.

Human Rights Watch (HRW) dénoncel’arrestation, les poursuites et les violations violentes de la vie privée de la journaliste. Ces actes témoignent selon l’ONG d’unmanque de respect du pays pour les libertés individuelles”. HRW dénonce au passage une “une application sélective de lois (qui sont déjà injustes) pour punir la presse critique”.

Amnesty International a pour sa part appelé les autorités marocaines à “libérer immédiatement et abandonner toutes les charges qui pèsent contre la journaliste”.  Sa directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Heba Morayef, observe que “l’arrestation de Hajar Raissouni (…) constitue une injustice flagrante”. Elle dénonce aussi “une violation flagrante” de sa vie privée de la journaliste. Pour la responsable de l’ONG,  “cette affaire est un rappel cruel de la nécessité urgente d’abroger les lois marocaines qui criminalisent les relations sexuelles extraconjugales et l’avortement”.