L'ancien président despote du Zimbabwe, Robert Mugabé est mort

Celui qui a régné plus de trente an et d'une main de fer sur l'ex-Rhodésie s'est éteint ce vendredi à l'âge de 95 ans. L'annonce officielle a été faite vendredi par son successeur, Emmerson Mnangagwa, sur son compte Twitter.

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Crédit: AFP

Pendant son règne de trente-sept ans à la tête du Zimbabwe jusqu’à sa chute politique en 2017 sous la pression de l’armée, Robert Mugabe est passé du statut de héros de l’indépendance et ami de l’Occident à celui de tyran qui a provoqué l’effondrement économique de son pays. «Il fut un formidable dirigeant dont le pouvoir a dégénéré au point de mettre le Zimbabwe à genoux», résume Shadrack Gutto, professeur à l’Université sud-africaine Unisa.

Lorsqu’il a pris les commandes de l’ex-Rhodésie, indépendante en 1980, « Bob » Mugabe avait pourtant des arguments. Lançant une politique de réconciliation, au nom de l’unité du pays, ses initiatives lui valurent des louanges générales, particulièrement dans les capitales étrangères. «Vous étiez mes ennemis hier, vous êtes maintenant mes amis», lance l’ex-chef de la guérilla. Il offre des postes ministériels clés à des Blancs et autorise même leur chef, Ian Smith, à rester au pays.

Possédant de nombreux diplômes, Mugabe apparaît dans un premier temps, aux yeux de la sphère internationale, comme un dirigeant modèle. En dix ans, le pays progresse de façon fulgurante: construction d’écoles, de centres de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire. Mais le héros a la main lourde contre ses opposants.

Répression sanglante

Dès 1982, il envoie l’armée dans la province « dissidente » du Matabeleland (sud-ouest), terre des Ndebele et de son ancien allié pendant la guerre, Joshua Nkomo. La répression, est sanguinaire et compte environ 20.000 morts. Il faudra attendre les années 2000 et ses abus contre l’opposition, ses fraudes électorales et surtout sa violente réforme agraire pour que la lune de miel s’achève.

Cette réforme précipite l’effondrement d’une économie déjà à la peine. Les liquidités manquent, l’inflation explose et 90% des Zimbabwéens sont au chômage. L’ancien président, qui incarnait la réussite d’une Afrique indépendante, rejoint alors définitivement le rang des parias de la scène internationale, ce qu’il assumait pleinement.

Dans des diatribes anti-impérialistes au vitriol, Robert Mugabe rend l’Occident responsable de tous les maux de son pays, notamment sa ruine financière, et rejette toutes les accusations de dérive autoritaire. «Si des gens disent que vous êtes un dictateur (…), vous savez qu’ils le font surtout pour vous nuire et vous ternir, alors vous n’y prêtez pas attention», confie-t-il en 2013.